Honte à vous, les pétochards haineux !
Alors que chaque soir, des applaudissements retentissent pour ovationner les soignants, parallèlement à ces manifestations de sympathie, l'immonde sort de l'ombre et gagne du terrain.
(Jean-Marc Claus) – L’immonde, en ces temps de pandémie, c’est l’attitude ignoble de certains Dupont-Lajoie qui, morts de trouille, suent la haine au point d’ostraciser les professionnels de santé. Attitude dont j’ai pu apprécier personnellement quelques mini-échantillons que je mettrai, par charité chrétienne, sur le compte du stress. « Huez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! », serais-je tenté de clamer, histoire de faire un pied de nez à l’inquisition qui vient…
A Toulouse, dans un immeuble, comme le rapportait France 3 Occitanie le 24 mars 2020, une aide-soignante a été priée très poliment par ses courageux et anonymes voisins, de ne pas toucher les portes des parties communes, d’aller promener son chien plus loin et mieux encore, pour leur sécurité à tous, de loger ailleurs les prochains jours. Le 25 mars 2020, France Inter relatait l’histoire d’une infirmière et d’un propriétaire d’appartement à Paris, qui se sont retrouvés confrontés à l’hostilité irrationnelle du voisinage. Répondant à l’appel de l’Hôpital Tenon, ce propriétaire proposait de mettre gracieusement à disposition d’une infirmière venant en renfort de Vancouver, un logement inoccupé. Cette dernière a du plier bagage, suite au refus de deux couples d’avoir au sein de la copropriété, une personne pouvant potentiellement les contaminer. Les situations de ce type vont malheureusement se multiplier, si elles ne sont pas dénoncées publiquement et vigoureusement combattues.
Honte à vous, les pétochards ! Mais soyez rassurés, si vous tombez malades, qui plus est du Covid-19, on vous soignera quand même. Quand dans vos nids douillets, vous serez en détresse respiratoire, les pompiers ou les ambulanciers qui vous conduiront à l’hôpital le plus proche ne chercheront pas à savoir si vous avez ou non ostracisé une aide soignante ou une infirmière qui soigne les personnes souffrant du même mal que vous. Idem pour tous les personnels hospitaliers qui contribueront à votre prise en charge : ils seront là pour vous, malgré votre immonde connerie. Vous savez quoi, vous les pétochards haineux ? C’est grâce à des gens comme vous qu’on perd des batailles et qu’on amène des dictateurs au pouvoir. C’est votre trouille ignoble et votre égoïsme crasse qui nous mettent tous en danger. Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu, écrivait Bertold Brecht (1888-1956), infirmier durant la Première Guerre Mondiale, obligé à l’exil durant la Seconde. Eh bien vous, les pétochards haineux, vous faites maintenant très fort, car plutôt que de perdre simplement en ne combattant pas vous perdez, en menant le mauvais combat, le plus important : l’honneur. Mais comme on ne peut perdre que ce qu’on détient…
Aujourd’hui, comme hier – et comme demain aussi, du moins je l’espère – je me rends à mon travail, à l’hôpital, non sans appréhension, mais j’y vais parce que c’est mon devoir. Quand j’en reviens, je suis plus propre que vous, les pétochards haineux qui avez préventivement emmagasiné des tonnes de papier-cul, avec une simple savonnette ! Ma propreté ne relève pas que de l’hygiène hospitalière, mais du sens du devoir civique et de l’honneur d’accomplir une mission d’intérêt général. A bientôt 56 ans, j’ignore si j’échapperai à une forme fatale de cette affection covidienne. Ça serait vraiment con, après 37 années de service, de calancher avant la retraite. Mais je sais dès à présent que, contrairement à vous les pétochards haineux, je pourrai jusqu’au bout croiser mon regard dans un miroir, sans avoir à baisser les yeux.
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