Hôtel avec philosophie…

Actuellement dirigé par Michalis Koumnas, le Golden Beach Hotel créé par ses parents en 1982 et alors second implanté sur la bande côtière à l’est de Rethymnon, s’est développé en privilégiant l’humain et plus largement le vivant.

« ...de nombreux clients laissent sur des galets réunis à proximité de l’accueil, le témoignage de leur satisfaction d’avoir séjourné dans ce lieu... » Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – D’un séjour au Golden Beach Hotel à Adelianos Campos, le visiteur repart enrichi, si tant est qu’il sait se montrer attentif à l’environnement dans lequel il se trouve. Il se trouve et il se retrouve, car l’établissement créé en 1982 sur cette bande côtière crétoise, veut malgré la concurrence du nombre considérable d’hôtels implantés depuis, ne pas céder au sirènes du consumérisme. Ici, l’humain et plus largement le vivant prévalent, d’où l’emploi du vocable « se retrouver ». Se retrouver soi-même, mais aussi entre habitués et avec un personnel stable qui identifie très vite les clients.

Michalis Koumnas, quinquagénaire ayant pris la suite de ses parents, incarne une seconde génération s’appuyant sur la précédente pour non seulement en pérenniser l’œuvre, mais aussi la magnifier. C’est ainsi que l’établissement qui n’a rien d’une usine à touristes, est passé progressivement de 87 à 253 chambres, avec pour particularité de « cultiver la vie », par une volonté de créer, selon l’actuel directeur, un « micro-environnement » permettant à ses 12.000 clients annuels, de vivre un moment où ils peuvent se décharger de tout « le mauvais comme le bon ».

Le mot philosophie revient à de nombreuses reprises dans le discours de ce patron pour le moins atypique et des plus attachants. Ce qui, renvoyant à la célèbre chanson de Georges Moustaki, ne se limite pourtant pas à s’amuser toute la vie, car ce lieu se veut également propice à la réflexion, sans pour autant sombrer dans l’introspection morbide. Faisant référence au poète Georges Séféris, Prix Nobel de Littérature en 1963, Michalis Koumnas précise que chacun ayant en lui « un sphinx à tenir en respect, voire même à tuer », séjourner dans son hôtel doit être l’occasion de commencer à écrire « sur une page blanche de sa vie ». D’où le soin apporté à ce fameux « micro-environnement ».

Le travail constant de trois jardiniers opérant à l’hôtel et aussi dans 5.000m² de jardin complémentaire, donne ici une place de choix au végétal, qui se mêle au minéral des créations artistiques de Michalis Koumnas réalisées grâce à l’infinie variété de galets apportés par la mer. Les 700 bouquets de fleurs naturelles produites sur place, confectionnés au cours de la saison allant du premier mai au premier octobre, donnent une idée de l’attention portée à l’environnement des clients dans les espaces communs. Mais les magnifiques plantations, tant à l’hôtel que dans ses annexes dont une oliveraie, ne sont pas là que pour le plaisir des yeux, car régime crétois obligeant, elles contribuent aussi à alimenter et agrémenter la cuisine.

Une aire de reproduction des tortues marines Caretta-Caretta, jouxte la plage de l’hôtel, des chats viennent chercher les caresses devant l’entrée où d’un majestueux bouquet d’arbres, émane à la tombée du jour la symphonie vespérale des oiseaux. Tout concourt donc à ce que le visiteur reparte avec un supplément de bagage immatériel, et l’attention portée par la direction au personnel durant la pandémie de Covid-19 fut exemplaire. Tournant à la moitié de sa capacité d’accueil, déployant des mesures prophylactiques dignes d’un dispensaire, l’établissement a gardé sa centaine de salariés. Ce qui, contrairement à beaucoup de ses concurrents, lui a permis de rebondir plus facilement après la crise car chacun était à son poste.

Chacun à son poste, fait aussi partie de la philosophie de cette maison pour laquelle la direction a choisi de limiter le nombre de voyagistes avec lesquels travailler, afin notamment de ne pas contraindre le personnel à se retrouver dans une impossible Tour de Babel. Les langues parlées le plus couramment par les employés au contact des clients sont, outre le grec, surtout l’allemand et l’anglais avec un peu de français. Un idiome qu’a entrepris d’apprendre, il y a peu, Michalis Koumnas, y travaillant avec un bel acharnement, et qu’entre autres salariés, maîtrise naturellement Barbara, une Biennoise officiant à l’accueil.

Harry, le chief gardener d’origine indienne, va spontanément vers les clients montrant de l’intérêt pour les plantations dont il a la charge, et n’est pas jamais avare d’explications. Arthur, l’un de ses deux adjoints, explique les principes de la création des arrangements floraux, tout en les réalisant dans le hall de l’autel. Point d’orgue, Michalis Koumnas décore parfois un escalier de marbre d’une composition florale dont la durée de vie n’excède pas vingt-quatre heures, signifiant ainsi tant la magnificence que la brièveté de la vie. 

Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

Pratique faisant penser aux ex voto observables dans certains lieux de culte, de nombreux clients laissent sur des galets réunis à proximité de l’accueil, le témoignage de leur satisfaction d’avoir séjourné dans ce lieu, dont beaucoup ignorent que les jardins ont été distingués par l’Université de Crète. Mais ce n’est pas pour autant que la direction se sent pousser des ailes (d’Icare), car le proverbe grec disant « Cultive ta mémoire, c’est le champ où l’expérience dépose les germes de la sagesse » est ici mis en pratique.

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