Hypocrisie diplomatique

Les institutions européennes et les gouvernements nationaux ont découvert leur cœur pour les défenseurs de la liberté. Mais les appels de libérer Alexej Navalny sont assez hypocrites.

Le président du Conseil Européen a demandé la libération d'Alexej Navalny. Mais il a encore une fois oublié de mentionner Julian Assange. Foto: Union Europea en Peru from Lima, Peru / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Etonnant, le président du Conseil Européen, Charles Michel. Avant sa conférence de presse jeudi soir à 23 heures avec Ursula von der Leyen, il avait lancé un appel au président russe Vladimir Poutine, le sommant de libérer immédiatement Alexej Navalny, l’opposant russe arrêté la semaine dernière lors de son retour en Russie. Evidemment, on ne peut que soutenir un appel de libérer un opposant politique, car personne ne devrait se trouver en prison pour avoir défendu des idées différentes de celles de l’état. Pourtant, l’appel de Charles Michel manquait surtout d’une chose – de la crédibilité.

Depuis 8 ans, les Européens et Européennes attendent une prise de position aussi claire de la part de leurs institutions concernant le lanceur d’alerte australien Julian Assange, incarcéré et torturé dans une prison britannique. Mais nous n’avons jamais entendu un Charles Michel apostropher le gouvernement britannique en demandant la libération immédiate et sans condition de Julian Assange, au nom de la liberté de la presse et de l’expression. Sauter sur l’occasion pour s’adresser à Poutine, c’est facile. Evidemment, on ne peut que souhaiter que Navalny soit libéré dans les meilleurs délais, mais si on demande sa libération, pourquoi ne pas demander celle d’Assange ? Deux poids, deux mesures ?

Ou est-ce que l’occasion de pointer la Russie du doigt, était trop alléchante ? Si quelqu’un convient parfaitement pour le rôle du « vilain » dans ce film diplomatique, c’est bien Vladimir Poutine, l’autocrate russe, qui dirige la Russie comme une entreprise privée, en utilisant tous les moyens légaux et illégaux pour cimenter son pouvoir dans ce pays immense. En cela, rien ne le distingue du dernier président américain. Mais quand on vit dans un pays occidental, on ne tape pas sur les USA, mais sur la Russie et ce, à chaque occasion qui s’y prête.

Que les gouvernements occidentaux demandent aujourd’hui d’une voix la libération de Navalny, qu’ils réfléchissent à voix haute à de nouvelles sanctions contre la Russie, c’est compréhensible et juste. Si les mêmes intervenants avaient demandé à la même occasion que la Grande Bretagne cesse de torturer un lanceur d’alerte et le libère sur le champ, ces interventions auraient même été crédibles.

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