Ibères, Lusitanien(ne)s et Covid-19

Impactés différemment par la pandémie, Espagne et Portugal déploient des stratégies singulières.

Carte de la Péninsule Ibérique au Rijskmuseum (NL), réalisée vers 1553 par le cartographe allemand Augustin Hirschvogel Foto: Leo Fyllnet / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Concurrents acharnés au temps des Grandes Découvertes, devenus voisins vivant en bonne intelligence, Espagnol(e)s et Portugais(e)s s’observent mutuellement par ces temps de pandémie. Pour ce qu’il est possible de lire dans leurs quotidiens respectifs, il n’y a pas eu dans leurs régions frontalières communes de psychodrames à la franco-allemande. Touchés de façon inégale, les deux pays sont unis dans la peine et font preuve de solidarité. Alors que le Portugal pourrait bien, en raison de sa situation plus favorable, pousser son avantage et se la jouer perso, mais ce n’est visiblement pas le genre de la maison.

Selon El País, avec cinq fois moins de décès par habitant que l’Espagne, le Portugal, qui n’a pas imposé le confinement à toute sa population et donc maintenu le fonctionnement d’une bonne partie de son économie, pourrait se montrer triomphaliste. Il n’en est rien et cela s’explique. Le sentiment d’appartenir à un même ensemble, dont témoigne le concept de l’Iberolux tout récemment mis au goût du jour, n’y est certainement pas étranger. Mais aussi, se trouvant le plus à l’Ouest de l’Europe, le Portugal a eu plus de temps pour se préparer à l’arrivée de la pandémie venant de l’Est. Comme le dit l’épidémiologiste Rita Sá Machado dans l’édition du 10 mai 2020 d’El País, l’anticipation et la variété des mesures appliquées ont permis de mieux contrôler la propagation de la pandémie.

Au Portugal, gouvernement et opposition ont fait front commun, au point que dès le 20 avril 2020 Rui Rio, président du Parti Social Démocrate (PSD) de centre droite, a signifié clairement par courrier personnel à ses militants, que s’attaquer maintenant au gouvernement d’António Costa (PS) n’était pas plus éthiquement correct que patriotique. Gouvernement Costa dont l’action a été congratulée par António Pires de Lima, ancien ministre du gouvernement conservateur Passos Coelho, l’ayant précédé jusqu’en 2015.

Mais le Portugal a fait aussi les frais de l’indisponibilité de plusieurs types de matériels. Ce qui a contribué à booster l’ingéniosité de certains de ses citoyens. Les autorités lusitaniennes ne sont pas dupes : la vigilance demeure de règle. Il serait d’autant plus aberrant de se relâcher qu’une étude plus fine de la situation sanitaire démontre que là où il y a relâchement, des foyers apparaissent. Par ailleurs, contrairement à l’Espagne, où la ministre communiste Yolanda Díaz a fait interdire les licenciements durant la crise, au Portugal ce sont des centaines de milliers de salarié(e)s qui ont été licencié(e)s et 1,2 million de travailleurs qui ont subi baisses de salaire, dégradation des conditions de travail et horaires arbitraires. Ce que dénonce la Parti Communiste Portugais (PCP).

Conséquences dramatiques, selon les communistes portugais, de la soumission du gouvernement aux directives européennes et à la volonté des puissances d’argent. Un problème structurel auquel il faut remédier, selon le PCP qui ne manque pas de souligner par ailleurs le rôle décisif du Service National de Santé (SNS)   et de tous ses acteurs, dans la lutte contre la pandémie. Comme quoi il est possible de contester, sans pour autant s’enfermer dans le négativisme mortifère.

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