Ice Age 5.0 – le froid s’installe entre la Russie et l’Allemagne

L'époque où Vladimir Poutine offrait des fleurs à Angela Merkel, est terminée. Le ton entre les deux devient glacial. Foto: RIA Novosti / Archive image #186607 / Vladimir Riodonov / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Vous avez vu les photos officiels du sommet en Australie, avec Angela Merkel et Vladimir Poutine ? Non ? Normal – il y en a pas. Les deux chefs d’état n’avaient pas envie de se prêter à la séance photo habituelle, ce qui, au niveau diplomatique, veut en dire long. Au lieu de poser ensemble, Vladimir Poutine a accordé une interview à la télévision allemande qui a été diffusée dimanche soir. Et qui expliquait l’état des relations entre les deux pays. Qui sont, pour le dire prudemment, au point mort.

Encore en Australie, Angela Merkel avait annoncé la couleur. Sans nommer Poutine personnellement, elle avait lancé une attaque sur le président russe, en déclarant «il y a des forces en Europe qui refusent de résoudre des conflits de manière démocratique et dans le respect mutuel, qui misent sur le droit du plus fort et qui ne respectent pas la force du droit» - sur la scène diplomatique, cette déclaration constitue presque un affront.

A Angela Merkel d’approfondir ses pensées : «Les vieilles idées qui tournent autour des sphères d’influence, qui malmènent le droit international, ne s’imposeront plus. Je suis convaincue que le non-droit ne s’imposera pas, même si le chemin sera long et pénible et même si nous aurons des frustrations à gérer.» En clair – maintenant, on en a marre. On ne rigole plus.

La réponse de Vladimir Poutine venait pas le biais de la télévision allemande. Très fin, le président russe a caché ses menaces dans des compliments, en déclarant que les relations entre la Russie et l’Allemagne n’avaient jamais été aussi bonnes que pendant les cinq ou dix dernières années. Sous-entendu – «dommage que vous ne voulez pas continuer sur cette voie.» En même temps, Poutine a mis en garde l’Allemagne si celle-ci entendait maintenir ou étendre les sanctions économiques. Mais quel choix laisse-t-il aux pays européens ?

Il ne faut pas oublier que c’est Poutine qui, poursuivant son objectif maintes fois confirmé, à savoir la reconstitution de la Russie dans les frontières de l’ancienne URSS, avait lancé les hostilités en Ukraine, en annexant contre le droit international la Crimée, en soutenant la mise en place de deux étranges «Républiques Populaires de Donetzk et de Luhansk«» et qui a déjà jeté un œil sur l’Abchasie, la Géorgie, la Transnistrie et d’autres anciens territoires de l’URSS. Est-ce que Poutine pense réellement que le monde le laisse conquérir des états souverains, pour que la Russie puisse établir un nouvel empire ?

La chancelière a raison – l’ère des «sphères d’influence» est révolu. Mais ce qui vaut pour Vladimir Poutine, vaut tout autant pour l’OTAN qui, peut être en utilisant d’autres moyens que l’annexion de territoires ne lui appartenant pas, reste autant bloqué dans ce raisonnement des «sphères d’influence», représentant autant une menace pour la Russie que la Russie représente une menace pour l’Europe. Le leitmotiv de la Guerre Froide…

Les positions se sont endurcies et nous arrivons au point où toute approche raisonnable, constituerait en même temps une perte de visage pour celui qui agit dans un intérêt supérieur de la paix.

Est-ce que l’heure du Rhin Supérieur serait venue ? N’est-ce pas le moment pour notre région qui a su si bien surmonter les plaies du passé, de donner l’exemple, de se proposer pour une médiation en vue de rétablir la paix. Force est de constater que tous les jours, des hommes et des femmes meurent en Ukraine et que les positions sont si dures que plus personne ne veut revenir sur la sienne. Seule une médiation crédible pourrait créer une ouverture pour la paix. A quand la «Table Ronde de Strasbourg» ?

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