Idiotie madrilène…

La droite madrilène serait-elle la plus bête d'Espagne ?

Isabel Díaz Ayuso, la présidente de la Communauté Autonome de Madrid, a bien des malheurs en ces temps de pandémie ! Foto: Comunidad de Madrid / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – La journaliste Rosa María Artal publiait mi-septembre dans El Diario, une tribune intitulée « La montée des idiots » (El auge de los idiotas) où elle pourfendait Isabel Díaz Ayuso (PP), présidente de la Communauté Autonome de Madrid « par la grâce de Ciudadanos et de Vox » (sic). Une charge motivée par la magnifique suffisance de l’intéressée, ainsi que ses propos racistes et anti-pauvres.

Les mesures de reconfinement, stigmatisant les quartiers populaires regroupant 13% de la population de la ville, intervenues une dizaine de jours plus tard, ne font que confirmer l’analyse de Rosa María Artal. La gestion désastreuse par la Communauté Autonome de la pandémie dans la capitale espagnole, tant au printemps qu’actuellement, en fait payer aujourd’hui la facture à sa population, en commençant bien sûr par les pauvres, laissant aux habitants plus fortunés leur liberté de mouvement.

Pour mémoire, lors du confinement et du déconfinement progressif appelé désescalade, Isabel Díaz Ayuso soutenue par Pablo Casado Blanco, l’actuel président du parti Populaire (PP), a fait preuve d’une évidente mauvaise volonté. Rosa María Artal l’accusant d’avoir géré la crise de façon désastreuse et sans cœur s’oppose, documents à l’appui, au verdict du juge de Leganés l’exonérant d’avoir empêché, tant les transferts de personnes âgées vers des hôpitaux que l’organisation des soins dans les maisons de retraite, alors qu’elle en était la garante.

Mettant dans le même sac Isabel Díaz Ayuso et Donald Trump, la journaliste et écrivaine souligne que les idiots, concept remontant à la Grèce Antique, sont des personnes égoïstes et désengagées des affaires publiques faisant agir les autres pour et souvent contre leurs propres intérêts, amenant ainsi leurs semblables au pouvoir. Serait-ce le cas à Madrid ? Selon Rosa María Artal, oui. Mais il ne faudrait pas pour autant perdre de vue qu’en Espagne, comme ailleurs en Europe et partout dans le Monde, « l’idiotie des masses » est le fruit d’un abrutissement voulu par le sommet.

Or, la base soutenant le sommet, lorsqu’elle se fissure ou s’agite, l’ensemble de l’édifice se fragilise. Ainsi, l’idiotie supposée de la base peut-elle, de manière concertée ou inopinée, mettre en péril l’idiocratie réelle du sommet. Donc, la ghettoïsation de 850.000 madrilènes, décidée par des autorités d’une remarquable suffisance, pourrait bien produire l’inverse de l’effet attendu.

Ce reconfinement sélectif est tout simplement un reconfinement de classe, et les manifestations qui en ont découlé, ne s’y sont pas trompées. Près de deux semaines plus tard, le nombre de contaminations s’avérant exponentiel pour toute la ville, le gouvernement central veut imposer un reconfinement partiel à l’ensemble de la ville de Madrid. C’est là, qu’en clamant la prétendue injustice de cette mesure, Isabel Díaz Ayuso donne magnifiquement raison à Rosa María Artal.

L’égérie madrilène du Parti Populaire (PP), qui perd toute crédibilité durant cette crise sanitaire, accuse maintenant le Gouvernement Sánchez de mener un combat politique contre la capitale. Par ailleurs, très à gauche de l’arc politique, la contestation s’organise contre les mesures discriminatoires décidées par la présidence de la Communauté Autonome de Madrid.

Prise entre deux feux, il ne reste maintenant plus qu’à Isabel Díaz Ayuso de se fendre d’une diatribe anticommuniste primaire  complètement surannée et totalement inappropriée, pour tenter de sortir de l’ornière dans laquelle elle s’est mise. La droite dure et les néofascistes ne bouderaient alors pas leur plaisir de lui porter secours. Mais le cas échéant, ils ne se contenteraient pas de jouer un petit rôle d’idiots utiles…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste