Il est trop tard pour « Wehret den Anfängen ! »

Berlin 1937 ? Chemnitz 2018 ? Paris 2019... Foto: RS

(KL) – Berlin 1937 ? Chemnitz 2018 ? Non, Paris 2019. « Juden », donc « Juifs » en langue allemande sur la vitrine d’un magasin qui vend des bagels, des sandwichs américains et dont l’enseigne porte le nom « Bagelstein ». Les néo-nazis et antisémites sortent de leurs trous, se camouflent en jaune, sachant que de bonnes âmes arborant les mêmes gilets leur permettront de se cacher dans la foule. Ils sont là, parmi nous, les nouveaux nazis aux idées d’avant-hier, avec une violence décomplexée, à l’instar de la SA à Berlin dans les années 30. Alarmisme ? Non, état des lieux catastrophé.

Non, ce n’est pas la faute aux « gilets jaunes » si ces antisémites et néonazis tentent de récupérer leur mouvement qui, à l’origine, était un mouvement social. Les manifestants en jaune, dépourvus de toute expérience du monde politique, n’ont pas vu venir le danger émanant des néonazis et des black blocks – qui eux, se sont livrés à une bataille de rue dans le cadre de l’Acte XIII à Lyon. Mais si les « gilets jaunes » ne peuvent pas être tenus responsables pour ces extrémistes anti-français, ils sont maintenant responsables de leurs propres réactions.

Le gouvernement et la communauté juive ont réagi à cette honte parisienne, le gouvernement fera tout pour en identifier le ou les auteurs. Mais là, on veut entendre les « gilets jaunes » qui actuellement, forment, certes malgré eux, chaque samedi le « cordon de sécurité » pour les casseurs, néonazis, criminels de droit commun et extrémistes. On veut entendre les 4 courants politiques des « gilets jaunes » condamner fermement cet incident et on veut qu’ils prennent des mesures pour éliminer de leurs actions cette pègre extrémiste qui elle, se fiche de la France et d’une amélioration des conditions de vie des plus démunis : ces extrémistes veulent déstabiliser la France, l’Europe et le principe de la démocratie.

« Wehret den Anfängen », telle est la devise allemande depuis la IIe Guerre Mondiale, « Résistez dès le début… » – mais nous avons dépassé le stade de ces « débuts ». L’antisémitisme est de retour, comme en témoignent de nombreuses profanations de cimetières juifs, des attaques de nature antisémite, un discours anti-sémite décomplexé et maintenant cette inscription de la honte à Paris.

Il ne suffit plus de sonner les cloches, l’ennemi est déjà dans nos rues. Il faut désormais se défendre contre ces tendances qui visent à renverser l’état de droit, la démocratie et le vivre-ensemble. Evidemment, la majorité des « gilets jaunes » sont autant écœurés que les autres par cet acte odieux. Mais là, il ne suffit pas de le penser tout bas, de peur de froisser l’unité d’un mouvement totalement décousu, là, il faut entendre toute la République se révolter contre cette insulte à 6 millions de victimes de la Shoah, contre cette expression de la haine et de la violence, contre cette tentative de réduire cette expression criminelle à une simple « expression d’opinion ».

La France et la cohésion de la société française sont menacées comme c’était rarement le cas depuis la IIe Guerre Mondiale. Les ennemis de la République Française sont dans la rue, protégés par des gens qui visiblement ne comprennent pas par qui ils se font abuser, et chaque week-end, les incidents deviennent plus graves. Jusqu’à ce que ce cauchemar s’arrête, nous sommes tous « Juden », nous sommes tous juifs – c’est notre devoir vis-à-vis des millions de victimes de la barbarie nazie. Pour le dire clairement – tout un chacun qui ne se distancie pas ouvertement et de manière audible de ces éruptions antisémites et néonazies, se rend coupable par son silence et accepte une complicité dans ces actes odieux. Mais que ces extrémistes le sachent – désormais, ils auront face à eux, 60 millions de juifs. Et non, les néonazis – vous ne passerez pas !