Il faut stopper les importations énergétiques russes

D’un côté, on condamne (à très juste titre) la guerre poutinienne en Ukraine, de l’autre côté, on continue à financer le système Poutine et la guerre. Il faut prendre une position claire.

Il y a de fortes chances à ce qu'on n'ait plus besoin des conduits de "Nord Stream 2"... Foto: Gerd Fahrenhorst / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le gouvernement allemand ne sait plus sur quel pied danser. Le secteur énergétique en Allemagne (et dans d’autres pays européens) dépend encore et toujours des importations de gaz naturel, de pétrole et de charbon russe. Dans une situation où les sanctions ont mis à mal l’économie russe, quasiment les seules recettes du gouvernement russe, sont les milliards que l’Occident continue à envoyer, en contournant les sanctions contre le secteur bancaire, des milliards d’euros dans les caisses de Poutine. Si on veut rester crédible à Berlin, il est grand temps de se joindre au boycott des sources d’énergie russes.

Mais dans la situation actuelle, le grand écart du gouvernement fédéral à Berlin, ne fonctionne pas. Bien sûr, le gouvernement a peur de pénuries, de conséquences pour l’industrie, des prix qui flambent aux stations d’essence. Toutefois, cette peur pour notre confort, ne justifie pas le financement de cette guerre en Ukraine – dans une situation comme celle d’aujourd’hui, on ne peut plus ménager le chou et la chèvre. Une position claire s’impose et aux organisations internationales de s’organiser de manière à ce que tout le monde puisse trouver des alternatives à la consommation de l’énergie russe.

Le ministre de l’économie Robert Habeck exprime clairement ses craintes et ses craintes concernent l’attitude de ses compatriotes. Interrogé s’il pouvait s’imaginer de boycotter les importations énergétiques depuis la Russie, Habeck a répondu : « Bien sûr, on pourrait faire ça. Mais il faut être conscient du prix qu’on devra payer et j’ai comme la sensation que ceci n’est pas clair pour tout le monde. » Habeck va encore plus loin, en soulignant que le boycott de l’énergie russe, pourrait entraîner la dégringolade de l’économie européenne et une récession qui pourrait, à terme, empêcher les Européens de maintenir leurs sanctions infligés à la Russie. Mais quelle en est l’alternative ?

On voit aujourd’hui que les sanctions ont un effet énorme. Malgré les déclarations de Poutine qui continue à faire croire à son peuple qu’il gère la situation, il dépend aujourd’hui de l’argent qui continue à affluer depuis l’Occident et le summum de la perversion est qu’une partie de ces sources d’énergie continuent à transiter par l’Ukraine, pays que Poutine est en train de dévaster dans sa guerre meurtrière. S’il faut se serrer la ceinture au niveau de notre consommation énergétique, qu’il en soit ainsi. Mais nous ne pouvons pas continuer à assurer la survie politique du chef du Kremlin, en finançant ses crimes contre l’humanité.

Evidemment, les adeptes du « totalitarisme numérique », du « tout code QR », ne sont pas contents, car moins d’énergie, cela pourrait se traduire par des coupures momentanées de l’énergie, voire d’Internet. Et du coup, on voit à quel point la numérisation totale de notre existence est un jeu dangereux.

Il faudra que l’Union Européenne prenne les commandes pour les 27 états-membre. Seules des mesures décidées et appliquées en commun, peuvent continuer à poser problème à Poutine, dont la guerre coûte bien plus qu’il n’avait initialement pensé. Le « Blitzkrieg » était un échec et la conquête de l’Ukraine se fera très lentement, et un regard sur la carte de l’Ukraine montre que Poutine ne sera pas en mesure d’occuper tout le territoire ukrainien de manière durable – même la Russie ne dispose pas d’une armée d’une telle taille.

Toutes les idées dans ce contexte méritent d’être discutées. Interdiction de circuler pendant le week-end ? On l’a déjà connu en 1971 lors de la « crise du pétrole » et tout le monde a survécu à ces week-ends où les gens s’amusaient à rouler à vélo sur les autoroutes. Réduire certaines productions très gourmandes en énergie, comme la production d’acier et d’autres ? Pourquoi pas. Chercher d’autres fournisseurs, en attendant que la situation change en Russie ? Bien sûr ! Elargir les systèmes de co-voiturage ? Réduire le nombre de vols, surtout en ce qui concerne les courtes distances ? Oui, oui et oui.

Il est illusoire, en vue de cette guerre, de penser que la vie pourrait continuer comme avant chez nous. Qu’on ne devra pas faire certains sacrifices. Mais les sanctions économiques sont actuellement la seule alternative à la IIIe Guerre Mondiale et l’envoi de troupes de l’OTAN à l’Est. Que les think tanks, les universités, les élites de nos pays se mettent immédiatement au travail pour dessiner un scénario de vie SANS les sources d’énergie russes. Mais protester contre cette guerre, tout en la finançant, cela ne peut pas continuer.

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