Il fume encore…

A La Palma, l’éruption volcanique de la Cumbre Vieja est officiellement terminée, mais le travail des volcanologues se poursuit.

Objet de nombreux reportages durant près de trois mois, la Cumbre Vieja n’attire plus beaucoup les journalistes, une fois son éruption terminée... Foto: Benjamin Nunez Gonzalez / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Officiellement déclarée terminée le 25 décembre dernier, l’éruption de la Cumbre Vieja qui a duré 85 jours, est toujours l’objet de toutes les attentions d’InVolcan, l’institut de volcanologie canarien. Ceci pour plusieurs raisons, dont le fait que le volcan fume encore, comme l’annonce le titre de cet article, mais aussi parce que l’activité sismique s’y poursuit, mais à bas bruit, pour employer un terme médical.

Ces secousses pluriquotidiennes, dont l’amplitude de la plupart est inférieure à 2 sur l’échelle de Richter, sont seulement détectables par les sismomètres se trouvant à l’immédiate proximité du volcan. Elles sont causées par un phénomène de dégazage bien connu, les fluides hydrothermaux (gaz, eau, vapeur) remontant naturellement de la chambre magmatique à la surface, lors du refroidissement du magma.

La réouverture des 17 km de 6 routes coupées par les coulées de lave, reste une préoccupation importante pour le « Cabildo Insular » (gouvernement local). Les vulcanologues espagnols, sous la direction du professeur Luis González de Vallejo, auquel s’est associé le professeur John Lockwood, expert de l’US Geological Survey à Hawaii, ont proposé des solutions actuellement en cours d’application. Ce qui souligne encore une fois, l’importance de la collaboration entre chercheurs et autorités civiles.

Collaboration ayant, en l’espèce, permis de sauver de nombreuses vies humaines. Ce dont Maurice et Katia Krafft seraient aujourd’hui très fiers. Mais l’impérieuse nécessité d’assurer un suivi de l’activité volcanique, ne semble pas être perçue de la même manière par tout le monde. Les chercheurs d’InVolcan ont ainsi, début mars, déploré la vandalisation d’un de leurs postes de surveillance automatisée pour en voler panneau photovoltaïque et batterie. En 2011 c’était, toujours sur les flancs de la Cumbre Vieja, une station géochimique d’une valeur de 35.000€ qui avait été carrément vidée de ses instruments de mesure.

Courant février, des volcanologues genevois se sont rendus à La Palma, pour échanger avec leurs collègues espagnols sur l’impact de l’éruption sur les infrastructures, les services, les activités productives liées au tourisme et à l’agriculture. Ceci montrant bien que, contrairement à une idée reçue, la volcanologie ne s’intéresse pas qu’aux minéraux. Le secteur de l’hébergement touristique affichait alors un taux d’occupation inférieur à 40% de son niveau habituel. Ce qui faisait craindre son étranglement financier, si des aides ne lui étaient pas accordées par l’État.

Le delta de lave formé dans l’océan par la coulée, a été l’objet de prélèvements effectués en collaboration avec la Réserve Marine de La Palma, ainsi que des universitaires de Londres et Cambridge. Il fera peut-être à terme, partie des nouveaux sites classés d’intérêt touristique et répertoriés par InVolcan. L’intérêt pour le tourisme volcanologique suscité par l’éruption, a tout lieu d’être entretenu, car même n’atteignant pas le niveau de celui du Timanfaya à Lanzarote ou du Teide à Tenerife, il constitue néanmoins un volet de l’économie insulaire ne demandant qu’à se développer.

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