« Il n’y a pas de vaccin pour la crise climatique… »

Pour le président de l’association écologiste portugaise « Zéro », la pandémie de covid-19 est un révélateur.

Grève des étudiants, pour la sauvegarde du climat à Viseu en 2019. Foto: Tiagoraf / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Lorsqu’il s’est exprimé fin mars, dans un entretien rapporté par l’agence de presse portugaise Lusa, Francisco Ferreira qui préside l’organisation non gouvernementale « Zéro », a été très clair. Le bilan qu’il fait de cette première année de pandémie de Covid-19, est particulièrement intéressant. Si cette situation inédite a permis de réduire considérablement divers niveaux de pollution, il n’en demeure pas moins que des changements sont nécessaires dans nos modes de vie.

Il n’y a pas de vaccin pour la crise climatique, pour la crise de la biodiversité, pour la crise des ressources, annonce Francisco Ferreira en substance. L’amélioration de la qualité de l’air, tel le record enregistré sur l’Avenida de la Liberdade à Lisbonne, restera une exception, si les modes de déplacement en ville ne sont pas globalement repensés.

Francisco Ferreira souligne la réapparition des vélos comme moyen de transport alternatif, au point que leurs points de vente ont connu des ruptures de stock. Dans certains endroits, les piétons se sont temporairement réapproprié l’espace public, au détriment des véhicules motorisés. Dans d’autres, les transports en communs ont été délaissés au profit de la voiture, par crainte du public de contracter la maladie.

Il pointe également la problématique de la gestion des déchets, tant masques et gants se retrouvant dans la rue, qu’excès d’emballages de plats à emporter. Mais Francisco Ferreira met aussi en avant la (re)découverte des circuits courts par les consommateurs. Il souligne la nécessité de développer le télétravail, d’éloigner les automobiles du centre-ville, d’investir dans la santé et précise qu’il a encore de l’espoir, car il reste du temps pour effectuer ces nécessaires changements.

L’association « Zéro » qu’il préside, a été fondée en 2015. Issue de « Quercus », l’association environnementale portugaise historique crée en 1985, cette ONG se veut plus orientée vers le développement durable, ainsi que la réduction de l’empreinte humaine sur l’environnement. D’où le « zéro déchets » qu’ambitionnent, entre autres, ses militants.

Plus tendance que Quercus, moins politique que « Os Verdes », fondée en 1982 et fidèle alliée au Parti Communiste Portugais (PCP) dans la Coalition Démocratique Unitaire (CDU), Zéro est moins radical que « Personnes – Animaux – Nature » (PAN : Pessoas – Animais – Natureza), mutation en 2011 du Parti Pour les Animaux (PPA : Partido Pelos Animais) créé en 2009.

« Zéro » ambitionne néanmoins le zéro combustibles fossiles, le zéro pollution, le zéro gaspillage de ressources, le zéro destruction des écosystèmes et de la biodiversité, le zéro inégalité sociale et économique. Vaste programme, pourrait-on dire ironiquement. Mais la lecture de ce que l’association décrit comme son ADN, donne à réfléchir, tant l’accent est mis sur la pédagogie et la citoyenneté environnementale.

Or, quand le Ministre de l’Environnement et de l’Action Climatique, João Pedro Soeiro de Matos Fernandes (PS), affirme que la pandémie de Covid-19 a clairement démontré le lien entre santé humaine, santé animale et santé environnementale, il s’avère nécessaire de prêter plus qu’une oreille distraite au discours écologiste tenu au Portugal depuis les années 1980…

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