Il n’y a pas eu un « Grand Débat National » ?

Quelques mois après les « Grands Débats Nationaux », il apparaît clairement que l'objectif de cette opération n'était pas de recueillir les opinions des Français, mais de jouer la montre.

On peut comprendre la réaction de certains - le "grand débat national" était effectivement que du bla-bla... Foto: Thomon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Du 15 janvier au 15 mars, les Français étaient invités à s’exprimer. A débattre. A faire des propositions et à échanger, dans ce format, avec le gouvernement. Un air de « nouveau monde » flottait sur ces débats menés avec le plus grand sérieux par de très nombreux citoyens et citoyennes ; et à la fin, on se rend compte que ces débats n’ont été qu’un grand écran de fumée, permettant au gouvernement de peaufiner sa stratégie pour calmer le mouvement des « gilets jaunes ». Aucune des propositions faites par les forces vives de la société civile n’a été retenue. Et du coup, le « nouveau monde » devient un ancien monde, très ancien même.

Ils avaient beaucoup d’idées, les Français. La réduction du nombre d’élus, l’introduction de la proportionnelle, la prise en compte du vote blanc, la ré-instauration de l’Impôt sur la Fortune (ISF), un renforcement des possibilités de déclencher des référendums, des propositions visant un meilleur vivre-ensemble, plus de justice sociale. Et toutes ces propositions auront été faites – pour rien.

Lorsque le président Macron avait présenté les résultats de cette opération d’envergure, il mentionnait seulement 4 des propositions faites, pour les rejeter, l’une après l’autre, sans même en donner des résultats concrets – voilà le résultat de ces « Grand Débats ». Sur les sites du gouvernement, on cherche en vain une analyse approfondie de ces deux mois de débats, on cherche en vain les résultats : c’est comme si ces deux mois n’avaient pas eu lieu du tout. Quel manque de respect vis-à-vis des citoyens et citoyennes qui ont débattu pendant des heures, qui s’étaient préparés, qui voulaient contribuer à un progrès de la société française.

La façon dont ces deux mois d’efforts citoyens ont été récompensés en dit long sur les relations entre le gouvernement et les Français. La moindre des politesses aurait été une transparence sur les résultats, la mise en œuvre de certains postulats et propositions, un débat sérieux sur ces sujets, mais le président ne voyait pas la nécessité d’un vrai débat. Pendant deux mois, il avait mené une double opération – fatiguer les « gilets jaunes » et lancer sa campagne européenne – les griefs de ces citoyens n’intéressaient pas le gouvernement plus que ça.

Dans le langage populaire, cela s’appelle un « foutage de gueule » – et il n’y a que peu de chances à ce que la population suive encore une fois une telle opération du gouvernement. Pour démotiver les forces vives de la société, Emmanuel Macron n’aurait pas pu faire mieux. En même temps, il a montré clairement ce qu’il pensait de la démocratie participative et du dialogue avec les citoyens et citoyennes – rien.

Un moment donné, il faudra quand même revoir le système des partis politiques en France (et aussi ailleurs…). Si le choix proposé aux Français se réduit au choix entre quelqu’un qui se prend pour le Roi Soleil et une extrémiste raciste, il y a un problème. Si Emmanuel Macron et Marine Le Pen devaient vraiment être les meilleures têtes dont la France dispose en politique, alors il faudrait peut être revoir sa copie.

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