Il n’y avait pas quelque chose un 17 juin en Allemagne ?

Le 17 juin 1953, le peuple est-allemand s’était soulevé contre ses conditions de vie et de travail. Après une intervention sanglante de l’Armée Rouge, la résurrection était vite terminée.

Communication politique - suite à la révolte est-allemande, le SED organisait des contre-manifestations à Berlin-Est. Foto: Bundesarchiv, Bild 183-201115-0002 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

(KL) – Pendant les années de la séparation allemande en deux états, la République Fédérale commémorait le 17 juin comme sa fête nationale, le «jour de l‘unité allemande». Cette résurrection du peuple est-allemand constituait une première révolte contre un système socialiste à la mode de Staline qui commençait déjà à ne plus fonctionner. Pour parer aux difficultés économiques de la RDA, le gouvernement avait augmenté les normes de production, tout en ignorant l’opinion de la classe des ouvriers et des agriculteurs, pourtant toujours citée comme le suprême de l’état.

Ce qui devait culminer le 17 juin 1953 à Berlin-Est dans des affrontements sanglants entre des manifestants en colère, la Volkspolizei et ensuite, l’Armée Rouge, avait commencé au mois de juillet 1952 lors de la conférence du parti SED – le parti omnipuissant avait alors décidé d’une «soviétisation» de la société, accompagnée par l’extension du pouvoir du parti et une «construction planifiée du socialisme» qui se traduisait par une augmentation des normes de production. Les restes d’une classe moyenne qui existait encore pendant les premières années de la RDA, se trouvaient sous pression – les petites entreprises se retrouvaient face à des impôts tellement importants qu’ils devaient abandonner leur indépendance. L’état était partout, porté par la présence russe, un gouvernement corrompu qui se la coulait douce dans ses «datschas» à Wandlitz.

La «construction d‘un socialisme planifié» était rendu difficile par d’énormes dépenses, qui n’étaient pas couverts par des entrées. De plus, toujours sous commandes du Kremlin, la RDA, en pleine reconstruction après la guerre, devait dépenser des sommes colossales pour son armée – en 1952, 22% du budget de la RDA étaient alloués à l’armement et aux paiements de réparations. Le peuple, lui, vivait dans des conditions précaires.

Après une année de ce socialisme planifié, le peuple en avait marre. Les heures de travail ne cessait d’augmenter, tandis que les conditions de vie empiraient de plus en plus. Pour remplir les plans, les ouvriers se voyaient confrontés à des augmentations des impôts et des réductions des salaires – un mélange explosif.

En parallèle, l’état s’était attaqué aux églises et de nombreux prêtre se trouvaient emprisonnés, les organisations de jeunes des églises furent interdits et la population est-allemande devait faire face à une pénurie d’aliments – le plan avait échoué. Mais quel système politique avoue son échec ? A l’époque, ce n’était pas différent d’aujourd’hui – au lieu de changer d’orientation, l’état durcissait les mesures et allait tout droit dans une confrontation avec son propre peuple.

Lorsque le SED se rendait compte que cela ne pouvait pas durer, il était trop tard. Fin Mai 1953, une délégation du gouvernement de la RDA tentait de négocier une nouvelle orientation économique pour la RDA, ce que le Kremlin refusait dans des termes peu diplomatiques («Dans deux semaines, vous n‘aurez peut être plus un état à gérer…», comme signalait le Haut Commissaire Vladimir Semjonov).

Les émeutes commençaient le 12 juin 1953 dans plus de 300 communes partout en RDA. Publiquement, des drapeaux furent brûlés, des représentants de l’état étaient chassés de leurs bureaux et parfois battus. Le 16 juin, les travailleurs de deux grands chantiers à Berlin-Est entamaient une grève, acte inouï dans le «paradis des travailleurs».

Le 17 juin 1953, la situation était hors contrôle. Dans plus de 500 villes et villages, les travailleurs se mettaient en grève et une foule immense manifestait à Berlin (selon les sources, entre 400.000 et 1.500.000 personnes participaient). Face aux émeutes (dans plusieurs villes comme Görlitz, le SED perdait le pouvoir pour un jour, ailleurs, des collaborateurs de la police secrète Stasi furent lynchés), mais aussi face à la désertion de nombreux policiers qui rejoignaient les rangs des manifestants, l’Armée Rouge mobilisait 16 divisions comptant 20.000 soldats et mit fin à cette révolte. Entre 55 et 75 personnes étaient tuées et l’Armée Rouge avait démontré qui était maître en Allemagne de l’Est.

Dans la communication officielle du SED, la révolte était qualifiée de «fasciste» et provoquée par des «agents de l‘ouest» – ce qui justifiait aussi le comportement martial des forces de l’ordre. Impuissant, l’Ouest regardait ce qui se passait à l’Est, mais toute intervention aurait, à ce moment précis, déclenché la IIIe Guerre Mondiale.

Jusqu’à l’unification allemande en 1990, le 17 juin était donc un jouer férié en Allemagne, un jour où les Allemands se souvenaient des travailleurs est-allemands qui avait tenté le tout pour le tout pour se défaire du système du SED. 36 ans après cette révolte, le peuple est-allemand devait réussir – le mur tombait et depuis, la fête nationale allemande n’est plus le 17 juin, mais le 3 octobre, date du vote de l’adhésion de la RDA à l’Allemagne de l’Ouest. Ce qui n’empêche personne d’avoir une pensée pour ceux qui ont payé de leur vie, la lutte pour la liberté, le 17 juin 1953 en RDA.

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