Il y a 18 ans, jour pour jour

Le 11 Septembre 2001, les attentats de New York allaient changer le monde. Depuis, les terroristes ont réussi leur pari – les pays occidentaux se sont transformés en des forteresses sécuritaires et liberticides.

A partir de ce moment, plus rien n'était comme avant - 9/11. Foto: Robert J. Fisch / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Chacun se souvient de ce qu’il a fait et où il était le 11 Septembre 2001. C’était une de ces dates que personne n’oubliera jamais. Les images des avions qui frappaient les deux tours du World Trade Center à New York et le Pentagone, les tours qui s’écroulaient, l’angoisse suprême de la population mondiale – c’était un jour qui allait changer le cours du monde. 18 ans plus tard, le bilan de la « Guerre contre le terrorisme » déclenchée immédiatement par George W. Bush est terrible. Avec toutes les mesures sécuritaires, avec toutes les libertés individuelles abolies, le monde n’est pas devenu un endroit meilleur. Au contraire.

En ce 11 Septembre, il convient, dans un premier temps, de rendre hommage aux 2977 victimes ayant péri dans ces tours, victimes d’une folie meurtrière qui à ce jour, n’a toujours pas été complètement élucidée. Probablement, on ne connaîtra jamais tous les arrière-plans de ces attentats ; de nombreuses questions restent et resteront sans réponses.

Pendant les 18 ans qui ont suivi ces terribles attentats, le monde s’est transformé en un champ de bataille. La « Guerre contre le terrorisme » n’a pas pu éradiquer le terrorisme, au contraire. Nous avons assisté à la gestation de « Daesh », à une guerre sanglante au Moyen Orient, à des séries d’attentats à Paris, Bruxelles, Berlin, Madrid et d’innombrables autres villes. Aux Etats-Unis, la NSA (National Security Agency) a été créée, intervenant aussi dans d’autres pays occidentaux ; on a sacrifié de nombreux droits individuels en échange d’une prétendue sécurité qui n’en est pas une, et de nombreux gouvernements ont profité de cette situation pour mettre en œuvre des Etats sécuritaires et liberticides. Et c’était exactement ce que les terroristes voulaient obtenir.

S’il paraît que « l’Etat Islamique » a perdu sa tentative d’occuper militairement l’intégralité du monde musulman, le terrorisme a, lui aussi, changé de physionomie en s’adaptant aux Etats sécuritaires où il continue à frapper. Aujourd’hui, nous n’assistons plus à de grandes attaques organisées et nécessitant une énorme logistique, mais le terrorisme est devenu plus « artisanal » avec, comme estiment certains experts, jusqu’à 100 000 terroristes potentiels dans le monde entier qui seraient prêts à passer à l’attaque. Avant « 9/11 », les services secrets américains pensaient que leur nombre était de 800.

Le monde n’a pas tiré les bonnes conclusions de « 9/11 ». Au contraire, de nombreux Etats en ont profité pour ériger des Etats soumis à un nouveau totalitarisme ; et chaque nouvelle mesure, comme par exemple l’abolition de l’argent liquide prévue, est justifiée par la nécessité de surveiller tout le monde. Ce faisant, nous avons largement dépassé les visions horribles d’un George Orwell ou d’un Aldous Huxley, et cette évolution est loin d’être terminée. Mais ceux que l’on surveille aujourd’hui par tous les moyens technologiques ne sont même plus des terroristes, mais l’ensemble des citoyens et citoyennes. Dans des sociétés de plus en plus anxiogènes, toute mesure coupant les droits individuels est accueillie avec des applaudissements – et pourtant, est-ce que la sécurité a vraiment augmenté ? Est-ce que les attentats se sont arrêtés ? Est-ce que nous avons pu retrouver cette sérénité d’esprit qui régnait avant le « 9/11 » ?

Les terroristes du « 9/11 », l’instigateur Bin Laden et Al-Qaida, ont obtenu ce qu’ils voulaient – la transformation de nos sociétés et une vague de radicalisation dont on a pu apercevoir les conséquences pendant la guerre en Syrie, lorsque des centaines, de milliers de jeunes Occidentaux se sont rendus à la guerre, après avoir subi un lavage du cerveau.

Aujourd’hui, il convient autant de se défendre contre le terrorisme et la radicalisation que contre les mesures de surveillance de nos sociétés. On ne gagne rien en permettant la mise en œuvre d’un « totalitarisme numérique » qui, dans de nombreux pays, est déjà une réalité. Ce serait terrible si à la fin, on permettait aux terroristes d’avoir gain de cause. Défendons donc nos libertés, soyons solidaires face à la radicalisation, entamons un nouveau dialogue sociétal avec tous ceux qui souhaitent vivre paisiblement ensemble. Ne donnons pas raison à ces terroristes barbares – il ne faut pas leur permettre de transformer nos sociétés comme ils le souhaitent. Mais pour cela, il est peut_être déjà trop tard…

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