Il y a un temps pour parler, il y a un temps pour agir

De dizaines de personnes ont échouées à la frontière syrienne-turque – la Turquie a fermé ses portes en se conformant aux souhaits (et financements) européens. Participons-nous à un génocide ?

Les réfugiés dans les camps le long de la frontière syrienne-turque n'y sont pas en sécurité. Foto: Henry Ridgwell / Voice of America / Wikimedia Commons / PD

(KL) – La situation en Syrie devient de plus en plus chaotique. Les informations qui nous proviennent de ce pays en guerre ne sont pas claires – il paraît que la milice Hisbollah libanaise ait lancé une offensive sur la ville d’Alep, soutenue par des bombardements russes, et le résultat fièrement annoncé par «l’Institut for Strategic Studies» est que «les rebelles sont sur le retrait sur tous les fronts». Quels fronts ? Quels rebelles ? Les troupes anti-Assad ? Le Daesh ? Les Kurdes ? Difficile d’y comprendre quelque chose. Est-ce que les états occidentaux bombardent les mêmes cibles que les Russes ? Il paraît que non. Qui poursuit quel objectif en Syrie ?

Mais dans tout ce chaos militaire et politique, il y a des êtres humains. Ces derniers jours, 40 000 personnes ont du fuir la ville d’Alep sous les bombardements et les tirs. Les réfugiés qui font tellement parler l’Europe, courent pour sauver leur vie et celle de leurs enfants. Les civils vivent et survivent dans une situation où chaque groupe armée qu’ils croisent, représente un danger mortel. Tout le monde tire sur tout le monde. Il est donc tout à fait compréhensible que les gens exposés à ces dangers mortels, quittent leurs villes et tentent de quitter la Syrie.

La frontière la plus proche est celle de la Turquie qui elle, a déjà accueilli environ 2,5 millions de réfugiés syriens, mais qui est en train de changer sa politique sous la pression de l’Union Européenne. Pour obtenir les milliards de Bruxelles, la Turquie a déjà ouvert des camps de détention pour réfugiés syriens à plusieurs endroits du pays et maintenant, elle a fermé sa frontière. Environ 20 000 personnes attendent devant le poste de frontière Bab al-Salam qui actuellement est fermé, de milliers d’autres dans la ville frontalière Asas.

Quel drame humanitaire. 40 000 personnes en détresse qui ignorent comment la situation évoluera. Ces réfugiés sont menacés par tout le monde – les bombes russes et occidentales, les troupes «régulières» d’Assad, les troupes des «rebels», le Daesh, des milices étrangères qui se trouvent en Syrie et pendant que ces personnes attendent devant une frontière fermée en craignant le pire, la politique européenne estime que «le bateau est plein» et qu’il ne faille plus accueillir des réfugiés, certains mettant même en doute s’il s’agit réellement de réfugiés.

Face à l’urgence, ce n’est pas le moment pour discuter. 40 000 personnes stoppées à cette frontière entre la Syrie et la Turquie veulent survivre. Pour cela, elles ont besoin d’aide, de nourriture, d’abris, et surtout, du passage de la frontière avant de se faire massacrer par l’un des groupes belligérants. L’Union Européenne qui a demandé à la Turquie de «rendre ses frontières étanches» moyennant 3 milliards d’euros (et Erdogan aimerait bien obtenir une «rallonge» à 5 milliards d’euros), doit intervenir auprès de la Turquie pour sauver ces 40 000 personnes. Et que cela plaise ou non à tous ces néo-nationalistes européens, il faut enfin créer ce «corridor sûr» qui permette à des personnes en détresse de gagner la terre européenne où elles pourront demander de l’asile.

On ne peut pas fermer les frontières et aussi les yeux face à la menace de mort qui pèse sur ces personnes. Maintenant, il s’agit d’intervenir et de sauver la vie de ces personnes – après, ce sera le temps des discussions.

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