Débat TV : Ils n’arrivent pas à faire aimer l’Europe

Le «grand débat» télévisé des candidats aux élections européennes dans le Grand Est n’a pas été grand. Au contraire. Entre platitudes et politique nationale, seule Sandrine Bélier s’en est tirée correctement.

Le débat télévisé entre les candidats du Grand Est ne risque pas de mobiliser les électeurs. Foto: © Claude Truong-Ngoc

(KL) – Si les participants aux «Grand Débat» sur France3, à savoir Gabriel Amand (Front de Gauche), Sandrine Bélier (Europe Ecologie), Nathalie Griesbeck (UDI/MoDem), Edouard Martin (PS), Nadine Morano (UMP) et Florian Philippot (FN) devaient regarder un enregistrement de ce débat, peut-être comprendraient-ils pourquoi les gens n’adhèrent pas à cette Europe qu’ils représentent. Dans un débat télévisé assez typique (celui qui crie le plus fort monopolise la parole…), les téléspectateurs avaient droit à des attaques sur l’Europe (Philippot), des généralités («il faut une Europe des citoyens…», Griesbeck et Morano), des discours sur la politique française dans le domaine de l’industrie (Martin) et des lamentations sur le patronat (Amand). Pensent-ils réellement convaincre les électeurs ainsi ?

C’est Florian Philippot, l’étoile montante du Front National, qui avait au moins le mérite de distraire le téléspectateur. En parlant d’un «protectionisme intelligent», en demandant de réinstaurer les frontières qui, selon lui, doivent fonctionner comme des «filtres», Philippot a démontré où son parti veut en venir avec l’Europe. Le FN voudrait l’abolir. Mais le problème de Philippot est celui de la majorité des politiques dans le domaine de l’Europe. Tout le monde est contre tout, mais personne n’a un véritable concept, une vraie stratégie de développement européen.

Face à ce manque de créativité de la part des responsables européens, on comprend de mieux en mieux pourquoi les électeurs n’ont pas envie d’aller voter pour eux. Les têtes de liste semblent dépassés par la peur de perdre, on évite les visions européennes pour se limiter à une gestion tiède du statut quo. Parmi ceux qui ont regardé ce débat, pas une seule personne n’auras pris la décision d’aller voter suite à ce débat.

Les gens ont en assez d’entendre des «il faut faire participer les citoyens» – ça, on l’entend depuis une bonne dizaine d’années. Aujourd’hui, ce qu’il aurait fallu expliquer, c’est comment une telle participation pourrait être mis en oeuvre. Et les gens ont en assez d’entendre un Edouard Martin s’étaler sur la visite de Nicolas Sarkozy à Florange – il aurait mieux fait de laisser sa place à Catherine Trautmann qui elle, assise dans le public au studio, a du souffrir en suivant de si près la pauvre performance d’Edouard Martin que son parti a placé devant elle, mettant ainsi en péril sa réélection au Parlement Européen.

Nadine Morano ? Mouais. C’est bien de l’entendre dire «je défendrai le siège du Parlement à Strasbourg…», mais c’est moins bien de l’entendre ajouter «… je verrai comment…». On est en droit de s’attendre à mieux de la part des responsables politiques.

Si Nathalie Griesbeck a parlé de la paix en Europe (elle n’était pas seule à souligner ce point), si elle a parlé de l’Europe des Citoyens, elle a toutefois omis d’expliquer ce qu’elle voulait changer concrètement au niveau européen.

Philippot ? Ma foi. Philippot. Quelque part, on ne peut qu’avoir pitié de cette génération de jeunes politiques qui ont des vues tellement poussiéreuses sur la vie. Il est clair que l’idée que se fait le FN de la France et de l’Europe ressemble aux positions politiques entre la IIIe et la IVe République. Il aimerait bien que la France se retire dans un nombrilisme nationaliste qui lui, est vraiment la dernière chose dont la France et l’Europe auraient besoin.

Heureusement, il y avait Sandrine Bélier. Au moins, elle porte un véritable projet européen – celui d’une politique industrielle européenne, basée sur la transition énergétique. «En l’UE, on pourrait créer 3 millions d’emplois dans ce secteur», a-t-elle souligné. Créer des emplois ? Organiser une Europe de façon durable ? Booster le «Made in Europe» ? En voilà un projet européen.

Mais il reste le triste constat que les candidats du Grand Est n’aient pas vraiment un projet européen à défendre. A une poignée de jours avant cette élection, ce n’est pas très engageant. Tous ensemble, ils ont loupé une nouvelle occasion de rapprocher l’Europe de ses citoyens. Dommage.

1 Kommentar zu Débat TV : Ils n’arrivent pas à faire aimer l’Europe

  1. Yveline MOEGLEN // 21. Mai 2014 um 14:02 // Antworten

    D’abord, il y a un premier constat à faire qui est celui de l’absence de plus de la moitié des autres têtes de listes … constat suivi d’un autre constat : « la télévision et les médias en général ainsi que notre pays » … celui de la révolution française qui disait vouloir donner la parole aux citoyens … sont des plus anti-démocratiques qui soit !!!
    Ne dites plus jamais que « la France est un pays démocratique » !!!

    Parmi les présents, c’est évidemment Sandrine BELIER qui fut la meilleure débatteuse de la soirée !

    Tous les autres candidats n’ont débattu que sur des sujets de politique nationale …
    D’autres têtes de liste auraient peut être mieux débattu….

    Si la cacophonie s’est peu à peu installée , c’est que ceux qui dirigeaient les débats n’ont pas vraiment maitrisé la soirée…
    Une heure offerte aux chaines locales par la chaine nationale est carrément ridicule …..et montre le peu d’intérêt des médias pour cette élection … des plus importante…

    Comment voulons – nous que les électeurs se mobilisent avec si peu de démocratie … si peu d’information …et une émission aussi mal conduite ! ???

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