Ils se sont trompés une nouvelle fois…

Toute la campagne de communication du gouvernement français, qui voulait que le mouvement de contestation s'effrite, était vaine. Malgré ou même à cause des mensonges d'état.

Mais quand est-ce que le gouvernement comprendra-t-il qu'il fait fausse route ?, semble se demander cette statue. Foto: © Michael Magercord

(KL) – Déjà la veille de ce 1 Mai mémorable, le gouvernement français connaissait déjà le nombre des participants aux 300 manifestations le lendemain et constatait que le mouvement de contestation était quasiment fini. Pas plus de 500 000 ou 600 000 personnes n’allaient manifester le 1 Mai, estimait-on à Paris, et ce chiffre signifiait clairement que la page de la contestation était tournée. Mais une fois de plus, ce gouvernement n’a pas compris les Français et Françaises. Malgré la pluie sur une bonne partie de la France, malgré les Fake News du gouvernement et de ses soutiens médiatiques, plus de 2 millions de Français ont battu le pavé le 1 Mai et il est évident que les syndicats et les Français ne lâcheront rien. Ils veulent dans leur grande majorité le retrait de la réforme des retraites et de plus en plus, la démission du président et de son gouvernement. Malgré ce qu’on avait espéré dans les salons du pouvoir parisiens, la page n’est pas tournée, mais ce mouvement continue. Et il risque de s’intensifier encore cette semaine, le 3 Mai, lorsque le Conseil Constitutionnel publiera sa décision concernant la deuxième requête d’organiser un Référendum d’Initiative Partagée (RIP).

A Strasbourg, environ 20.000 personnes manifestaient paisiblement, et le fait qu’à la fin de la manifestation, un Black Block ait causé des dégâts en cassant des abribus et d’autres mobiliers urbains, est regrettable, mais ne change rien au fait que ce mouvement se poursuivra. Au centre de la colère des Français, la réforme des retraites et la personne du président et de ses amis parisiens. On aurait pu penser que ce mouvement perde de sa dynamique, mais tel n’est pas le cas, président et gouvernement sont allés trop loin. Il serait souhaitable que le Conseil Constitutionnel ne se limite pas à une fonction auxiliaire du président, mais qu’il prenne la seule décision qui pourra apaiser le pays – soumettre cette réforme à un vote des Français.

Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

Le pouvoir central pourrait presque faire pitié. Fake News, emploi massif des forces de l’ordre, des centaines d’arrestations, la réponse du gouvernement à tout type de contestation est formaté et dépourvu de tout talent politique et humain. Que ce soient les métiers soignants qui, en 2018, tiraient déjà la sonnette d’alarme sur le collapse de l’hôpital, que ce soient les Gilets Jaunes ou maintenant le grand mouvement contre la réforme des retraites, tout le monde s’est fait tabasser et gazer. A aucune des ces questions, le gouvernement et le président étaient capables de donner une réponse politique, au lieu de cela, les acteurs parisiens se sont limités à provoquer, dénigrer et mépriser les Français. Pour semer la terreur dans une cour de récréation, cela peut être suffisant, mais non pas pour diriger un pays.

Les Français sont déterminés – cette réforme des retraites ne passera pas. Si à Paris, on s’était déjà réjoui « qu’ils l’ont gobé », il n’en est rien. Ce gouvernement ne dispose ni du personnel à la hauteur des crises actuelles, ni des consultants capables de faire entendre raison à un président qui se délecte de sa joute personnelle avec ces Gaulois réfractaires.

Attendons donc demain, le 3 Mai, et la décision du Conseil Constitutionnel. Pour la deuxième fois, ce Conseil a la possibilité de mettre un terme à la montée de la violence (politique et de la rue) et il faut espérer que les sages prennent une décision sage. Pour le reste, non, ce mouvement n’est pas fini, mais aussi vivant et virulent que le premier jour. Il serait temps que le président et son gouvernement se mettent à développer une solution politique pour cette question, avant de conduire la France dans des affrontements de plus en plus violents.

2 Kommentare zu Ils se sont trompés une nouvelle fois…

  1. «Tout le monde s’est fait tabasser »… Vous dénoncez l’inaptitude du gouvernement à prendre la mesure du mal être ambiant mais franchement ce n’est pas avec ce genre de commentaires que vous paraîtrez plus crédible.

    • Les images de Paris et les chiffres annoncés fièrement par le ministre de l’intérieur ressemblent davantage aux rares manifestations à Moscou, mais tout le monde est, heureusement, libre d’apprécier ou pas. Faire taire la démocratie par la violence, ce n’est pas “rétablir l’ordre”, mais transformer le pays en quelque chose de très dangereux.

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