Ils sont fous, ces Britanniques…

La Grande Bretagne et le Rwanda ont réussi à transformer le triste sort des réfugiés en un modème d'affaires. Honteux. Foto: UK Home Office / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – La Grande Bretagne a effectivement quitté l’Union Européenne et par ce biais, aussi les « valeurs européennes » qui, pourtant malmenées à Bruxelles, avaient toujours mis la dignité de l’être humain au centre de son action. Mais la Grande Bretagne ne faisant plus partie de l’Union Européenne, Rishi Sunak, fortement contesté même dans les rangs des Tories, n’entend pas respecter le jugement de la Cour Européenne qui avait interdit l’expulsion de demandeurs d’asile refusés vers le Rwanda.

Evidemment, comme toujours, il s‘agit d’une histoire de sous, car la Grande Bretagne ne doit pas seulement assumer le coût du déplacement de ces personnes vers l’Afrique, mais elle doit surtout rémunérer le gouvernement rwandais pour que celui-ci accueille les demandeurs d’asile.

La brutalité de cette mesure est unique. Imaginez un réfugié qui a réussi à se sauver de la guerre, de la guerre civile ou de catastrophes naturelles et qui, arrivé en Europe, pense être sauvé. Du coup, il se retrouvera au milieu de l’Afrique, dans un petit pays qui connaît, lui aussi, des problèmes (comme la guerre qui menace à l’ouest du Rwanda, dans la ville de Goma en République Démocratique du Congo) et là, il fera quoi ? Se faire expulser là d’où il est venu ? Subir des traitements imprévisibles au Rwanda ? Fuir un camp de réfugiés au cœur de l’Afrique ?

Personne qui sera envoyée depuis la Grande Bretagne vers le Rwanda, n’a jamais demandé d’y aller. Surtout pas dans la mesure où personne ne sait quel sort attend ces réfugiés, une fois arrivés au Rwanda. Quelle suite sera donnée aux dossiers de ces personnes ? Comment seront-elles traitées sur place ? On pense avec horreur au sort des réfugiés stoppés en Libye, où, avec l’aide active de l’Union européenne, ils ont été torturés, violés et les familles des réfugiés survivants, ont dû souvent payer des rançons pour que les geôliers libyens les libèrent.

Se défaire du problème de la gestion des réfugiés, comme le feront désormais les Britanniques, est honteux. Londres joue avec des destins de personnes en détresse, en rajoutant à leurs problèmes existentiels. La grande question reste – où iront ces réfugiés depuis le Ruanda ? Devront-ils traverser le continent africain pour se retrouver ensuite face à la Méditerranée ? Pourront-ils rentrer dans leurs pays d’origine ? Est-ce qu’on les oblige à effectuer des périples à travers le monde entier ?

La Grande Bretagne a décidé de fermer les yeux devant la détresse des personnes qui arrivent au pays. Se défaire de ce problème en envoyant ces personnes au Rwanda, est le dépôt de bilan humaniste de la Grande Bretagne qui quitte ainsi le cercle des pays civilisés. Le pire – d’autres pays pourraient suivre cet exemple honteux. Elle est belle, cette Europe humaniste qui un jour, il n’y a pas si longtemps que ça, avait reçu le Prix Nobel de la Paix. Mais ça, c’était avant…