Ils sont fous, les Catalans !

La situation en Catalogne devient de plus en plus compliquée. Et le gouvernement déchu de Carles Puigdemont aura tout fait pour déclencher une suite chaotique.

Est-ce que Carles Puigdemont veut déclencher une guerre civile ? Foto: Generalitat de Catalunya / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL/AK) – 70 députés du parlement régional de la Catalogne ont voté l’indépendance de la Catalogne. La plupart des élus de l’opposition avaient quitté le parlement catalan avant le vote pour ne pas se rendre complices d’un acte illégal. Mais Puigdemont fait les choses systématiquement à moitié : le vote portait sur l’intention de déclarer l’indépendance, sans toutefois préciser à quel moment cette indépendance devrait intervenir. En réaction, Madrid a destitué le gouvernement régional ; Puigdemont sera traduit devant la justice pour « rébellion », le chef de la police autonome catalane et son second ont été virés. L’escalade bat son plein et la situation est comme l’a décrite un confrère espagnol : « C’est comme deux trains qui roulent à fond l’un en direction de l’autre. Tout le monde sait que cela finira par un crash frontal, mais personne ne bouge… ».

Il s’agit d’une lutte bizarre. La Catalogne, telle que l’imagine Puigdemont, n’a jamais été un pays. Il ne s’agit donc pas de réparer un « tort historique ». Les Catalans bénéficient d’un fort degré d’autonomie. Il ne s’agit donc pas d’une lutte d’un peuple opprimé (comme par exemple les Kurdes) contre son oppresseur. Il s’agit d’un régio-nationalisme étrange, car les Catalans semblent agir avec une approche totalement irréaliste.

Pour les Catalans, il est évident qu’une Catalogne indépendante ferait partie de l’Union Européenne et de la zone Euro. Pourtant, personne n’avait fait de telles promesses à la Catalogne. Au contraire, les réactions dans les grandes capitales européennes, suite au vote catalan, le montrent : personne ne reconnaît la démarche, personne ne reconnaît l’indépendance catalane, et l’idée qu’une région qui se sépare de manière anticonstitutionnelle de son pays puisse entrer d’office dans l’Union Européenne, est tout simplement farfelue.

Évidemment, Madrid réagit et ce n’est pas seulement le droit du gouvernement espagnol, mais bien son devoir. Après tout, l’une des missions fondamentales de tout gouvernement est d’assurer l’intégrité du territoire national. Donc, Madrid n’a d’autre choix que de prendre les mesures qui viennent d’être décidées. Puigdemont n’est pas sans savoir que la situation constitutionnelle et légale ne permet aucun autre comportement de Madrid.

Le fait que l’exode économique ait déjà commencé en Catalogne ne fait que montrer que cette « indépendance » est vouée à l’échec. A moins que Puigdemont ait déjà préparé un plan prévoyant la mise en œuvre d’une nouvelle monnaie, d’une nouvelle armée et de traités commerciaux (avec qui, au juste ?). Au vu de son comportement, on est en droit de douter que cette « indépendance » soit préparée. Servirait-elle à autre chose qu’à assouvir les ambitions personnelles de Carles Puigdemont, qui se complaît visiblement dans son rôle de futur « martyr catalan » ?

Le « Catexit » est aussi stupide que le « Brexit ». Quand un sentiment nationaliste extrême l’emporte sur la raison, il convient d’être vigilant. Ni à Barcelone, ni à Londres, les manifestants peuvent faire valoir d’autres arguments que ce mini-nationalisme anachronique.

Si personne ne conteste que le gouvernement à Madrid n’ait pas vraiment fait preuve de doigté avec ses interventions musclées en Catalogne, force est de constater que la responsabilité pour cette situation et pour tout ce qui va suivre maintenant, incombe exclusivement à Puigdemont et ses amis. L’homme n’est rien d’autre qu’un populiste dangereux et c’est lui qui force la main à Madrid. Quelle tristesse…

7 Kommentare zu Ils sont fous, les Catalans !

  1. Histoire d’apporter un autre éclairage et une analyse alternative à celle un peu binaire donnée par cet article, voici celle d’Alfred de Zayas, professeur de droit international et expert indépendant des Nations unies pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable :
    https://www.letemps.ch/monde/2017/09/27/alfred-zayas-necessaire-laisser-catalans-sexprimer
    https://www.la-croix.com/Journal/Catalogne-pourrait-elle-devenir-Etat-independant-2017-10-04-1100881722

    Par ailleurs, chose assez paradoxale, votre confusion entre nationalistes catalans et indépendantistes (les deux poursuivent certes le même objectif à court terme, mais un peu de sang froid permet d’éviter l’amalgame) vous amène à être complaisant avec le nationalisme espagnol…

    • Eurojournalist(e) // 30. Oktober 2017 um 20:05 // Antworten

      Oui, le terrible nationalisme espagnol. Si demain, la Bretagne, la Corse, le Pays Basque, le Nord et l’Alsace décidént de quitter la France, vous seriez aussi enthousiaste ? Vous rêvez vraiment d’une Europe composée de 300+ mini-états ? Retour au Moyen Age ? Et comme pour le Brexit, le problème catalan est purement nationaliste – cette indépendance manque terriblement de raisons et de perspectives. Mais vous pourrez sans doute nous éclairer sur la plus-value de cette indépendance catalane et du Brexit. On vous lira avec grand intérêt. Et le respect voudrait que vous n’écriviez pas sous couverture de l’anonymat – nous aussi, on discute sans nous cacher…

      • Aucun enthousiasme, je cherche simplement à comprendre une réalité bien plus complexe que celle que vous décrivez.

        Car non le problème catalan n’est pas purement nationaliste, car le mouvement indépendantiste catalan est très diversifié et couvre un large spectre politique :
        http://catalanindependance.blog.lemonde.fr/2015/06/18/lindependantisme-catalan-est-il-de-droite-ou-de-gauche/

        Donc si une population exprime une volonté d’autodétermination à travers tout son spectre politique, c’est à cette population de décider de la pertinence et de la plus-value de cette indépendance. Et contrairement à l’Écosse, elle n’a pas encore pu le faire.

        Et l’extrême droite espagnole est bien présente et particulièrement hostile à tout débat (tautologie…) :
        http://catalanindependance.blog.lemonde.fr/2015/06/25/lextreme-droite-espagnole-en-catalogne/

        Retour au moyen-âge? Le moyen-âge, ce ne sont pas des populations qui s’autodéterminent…Les États actuels sont le fruit d’une évolution historique complexe, de royaumes construits par les armes (France), de confédérations (Pays-Bas)…et ne sont pas graver dans le marbre pour l’éternité.

        Mon rêve? Une Europe démocratique qui chapeaute une population variée dont les composantes peuvent s’organiser comme elles le souhaitent. Et dans laquelle l’expression de ses citoyens peut être prise en considération sans que celui-ci doive présenter au préalable son état civil au complet…

  2. Je pensais qu’Eurojournalist était un lieu d’échanges et de débats, mais il s’agit plutôt d’une tribune strictement personnelle qui ne souffre aucune divergence de vue : après les articles (un peu contestés) supprimés des archives, c’est au tour des commentaires proposant des lectures (d’un juriste tout à fait bon teint au demeurant) en-dehors de la doxa littmannienne de se faire caviarder…
    Quelle tristesse…

    • Eurojournalist(e) // 30. Oktober 2017 um 19:55 // Antworten

      Avant de crier au scandale, il vaudrait mieux attendre que nous puissions régler le problème technique avec le lien que vous avez intégré dans votre commentaire. Et les attaques aigries ad personam, on n’apprécie que moyennement.

      • J’ai réagi effectivement un peu trop promptement et de manière tout à fait inapproprié, je vous présente mes excuses les plus sincères.

        • Eurojournalist(e) // 31. Oktober 2017 um 19:13 // Antworten

          Aucun problème, merci pour ce message, Jean. Quand le débat est passionné et passionnant, ça arrive. Et nous nous retrouvons dans votre conclusion de l’autre commentaire – on partage le même rêve d’une Europe foncièrement démocratique et non-extrémiste.

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