Immigration : un coup de pouce pour la conjoncture

Les jeunes réfugiés ne demandent pas grande chose - aller à l'école et mener une vie paisible. Foto: DFID - UK Department for International Development / Wikimedia Commons / CC-SA 2.0

(KL) – L’extrême-droite allemande est encore en train de se lamenter quant au coût des réfugiés pour l’Allemagne, mais les chiffres contredisent les xénophobes – cette «vague de migration» constitue un véritable élément de stimulation du marché de l’emploi. Et si ça continue ainsi, l’Allemagne pourra même vivre un deuxième «Wirtschaftswunder» grâce aux nouveaux arrivants.

Depuis fin août et le début de cette vague de migration, l’Allemagne a accueilli plus d’un million de réfugiés, surtout en provenance de la Syrie, de l’Irak, de l’Afghanistan et d’autres pays en crise. Fin août, de dizaines de milliers de réfugiés se trouvaient devant les portes de l’Europe, cherchant à se mettre à l’abri d’une guerre civile des plus meurtrières menée avec des armes allemandes, françaises, américaines et russes. Parmi ce million de réfugiés, on dénombre environ 325.000 enfants à l’âge d’être scolarisés, ce qui est systématiquement fait. Pour pouvoir les accueillir dans les établissements scolaires, plus de 8200 classes d’allemand ont été créées, plus de 8500 enseignants ont été recrutés. Ce qui s’avère insuffisant, les experts estiment que 20.000 postes supplémentaires devront être crées pour pouvoir enseigner l’Allemand aux arrivants, la Fédération nationale des enseignants parle même de 50.000 postes qu’il faudra prévoir.

Le pari est simple – plus vite on enseigne l’Allemand aux réfugiés, plus vite ceux-ci pourront s’intégrer à la fois à la société allemande qu’au marché de l’emploi. Ce qui permettrait à l’Allemagne de vivre un «remake» de ce que le pays a déjà vécu à la fin des années 50 et le début des années 60 – le «Wirtschaftswunder» («miracle économique»). Car l’Allemagne souffre déjà aujourd’hui d’une pénurie en main d’œuvre qualifiée, les changements démographiques sont en train de déployer sans merci leurs effets sur une société vieillissante. Cette arrivée des réfugiés constitue donc une occasion en or pour parer aux conséquences du faible taux de natalité que l’Allemagne enregistre depuis deux générations.

Mais déjà maintenant, toute de suite, cette arrivée de réfugiés crée de l’emploi – pour gérer un million de réfugiés, on embauche : experts administratifs, médecins et personnel paramédical, travailleurs sociaux, personnel de sécurité, enseignants et tous les corps de métiers en rapport avec un accueil de nombreuses personnes. Même indirectement, l’industrie profite de cette évolution. Ainsi, les fabricants de lits de camp, de sac de couchages, de produits de première nécessité, mais aussi les services de cantine et d’autres profitent au maximum de ce nouveau «marché» qui se développe autour des nouveaux citoyens allemands.

Cette évolution constitue une mauvaise nouvelle pour les xénophobes et ceux qui craignant pour «l’occident» – car les réfugiés constituent un vivier de talents tombé du ciel, la solution pour ce problème démographique allemand, une voie vers un renouveau de la société et l’économie allemandes.

Il est assez surprenant que dans d’autres pays européens, on persiste à refuser les réfugiés et ainsi, la possibilité de donner une impulsion énorme à la conjoncture. Mais après tout, c’est un choix. Celui de faire passer avant des valeurs nationalistes et nombrilistes, au lieu d’accepter que le monde soit en train de changer. Mais ceux qui pensent que demain, nous pourrions vivre comme avant-hier, se trompent. Le nationalisme est un concept anachronique qui, dans un monde globalisé, constitue un repère pour ceux qui ont du mal à trouver leur place dans une société en pleine mutation.

On ne peut pas fermer les yeux devant les réalités du 21e siècle. Les changements actuels constituent peut être un problème dans un premier temps, mais aussi une opportunité exceptionnelle et ceux qui sauront la saisir, se mettront dans une position extrêmement favorable pour les développements à venir. Donc, pour 2016 : Bienvenue chez nous, les nouveaux arrivants du monde entier ! On fera notre possible pour que vous vous sentiez rapidement chez vous dans nos pays et merci pour l’apport que vous allez fournir pour vous intégrer et pour assurer notre prospérité. Tout seul, on ne pourrais pas y arriver…