Impasse de l’Europe ?

Est-ce que l'Europe réussira encore une fois à sortir la tête de l'eau ? Foto: Virginia Frances Sterrett / Wikimedia Commons / PD

(Par Alain Howiller) – Notre confrère « Le Monde » a eu une drôle d’idée : le quotidien s’est penché sur les prises de parole des candidats à la primaire de la droite sur leur compte Twitter depuis septembre 2015. Le lecteur découvrira avec intérêt le nombre de références liées à la gauche ou à la sécurité parmi les 150 termes les plus utilisés par les candidats : il constatera, ce sur quoi il qu’il avait déjà eu l’occasion de s’étonner tout au long de la campagne de cette primaire de la droite et du centre, à savoir que les thèmes européens ont été quasiment absents ! L’Europe a été pratiquement absente des préoccupations des candidats, à croire que l’avenir de l’Union Européenne qui, selon les Traités, devrait être sans cesse plus étroite(!) n’a, apparemment, pas préoccupé grand monde au fil de la consultation !… Même les centristes -mis à part François Bayrou, l’éternel « chevalier blanc » de l’Europe- ne s’en sont guère offusqués ni pendant la campagne, ni surtout après la publication des résultats qu’on connaît !

L’Europe serait-elle oubliée alors qu’elle risque, pour paraphraser ce fameux propos (excessif) du Général de Gaulle ironisant sur le sort du… Conseil de l’Europe, d’être confinée dans une impasse voire de « mourir aux bords où elle fut laissée ! » ?

« Öxit » et « souverainisme français » – Que faut-il, dès lors, attendre des élections présidentielles autrichiennes, que l’extrême droite risque de remporter alors même qu’elle menaçait récemment encore de provoquer un « Öxit » (sortie du pays de l’Union) ? Que faut-il espérer du prochain congrès de la CDU qui, entre le 5 et le 7 Décembre, désignera Angela Merkel, actuelle et future chancelière, comme tête de liste aux élections de Septembre 2017 ? Sur quoi faut-il compter à la sortie du prochain Conseil Européen qui se réunira à Bruxelles, les 15 et 16 Décembre ?

Et qu’induira la récente primaire française de la droite et du centre remportée par un candidat qui n’a pas hésité à se déclarer « souverainiste » et à assortir son propos de cette phrase que personne n’a relevée : « Je n’ai jamais cru à l’idée d’une Fédération des Etats-Nation » ! Propos électoral de circonstance ou profession de foi d’un candidat qui a toujours affirmé qu’il ne changerait rien à son programme ? Ou panache auquel on se ralliera tout simplement (et tristement pour beaucoup !) sans tergiverser ? Ou encore premier jet d’un débat que les électeurs trancheront ?

L’Europe : quel numéro de téléphone ? – L’Europe, mine de rien, est peut-être en train de redevenir aux yeux des citoyens un enjeu majeur : pour peu que ceux qui s’engageront, en France et en Allemagne tout particulièrement, les futures compétitions électorales aient le courage (ou tout simplement l’honnêteté) de reconnaître que si l’Europe n’a pas jusqu’ici répondu aux attentes des peuples ce n’est pas la faute au facile bouc émissaire Bruxelles…

Mais que la faute en est l’obstination avec laquelle des états se soucient de protéger une souveraineté dont l’exercice a empêché les indispensables harmonisations fiscales, juridiques et sociales !

Au train où vont les choses, il est à redouter Donald Trump, comme jadis Henry Kissinger, ait à se demander : « L’Europe, c’est quel numéro de téléphone ? »