Inauguration de la BCE à Francfort : La violence engendre la violence

L´inauguration des nouveaux bâtiments de la Banque Centrale Européenne (BCE) à Francfort a été marquée par des affrontements violents entre manifestants et forces de l´ordre.

Déjà en amont de l'inauguration de la nouvelle BCE, des appels à manifester paraissait un peu partout en Allemagne. Foto: Stefan Bellini / WIkimedia Commons / CC0

(KL) – «Quel est le plus grand crime», demandait le poète allemand Bertolt Brecht, «fonder une banque ou en dévaliser une ?». Sur ce fond, l´inauguration du nouveau palais de la BCE à Francfort faisait déjà l‘objet de vives critiques – et de nombreux groupes, fédérés sous le nom de «Blockupy», avaient appelé à venir manifester à Francfort.

Les manifestants, venus d‘au moins 39 villes européennes, en partie bloqués aux frontières allemandes pour les empêcher de venir à Francfort, ont massivement dérangé la fête. Car pour eux, la BCE fait partie des piliers d‘une politique menant à la paupérisation d‘une bonne partie de la population européenne et la BCE devient une sorte de symbole pour le capitalisme sauvage qui ravage actuellement l‘Europe et le monde entier.

Sachant que cette inauguration allait causer ces affrontements, les responsables auraient mieux fait d‘annuler ce rendez-vous de ceux qui organisent les marchés financiers en Europe et qui exercent un pouvoir politique démesuré. Le clivage entre «l´Europe des Banques» et les aspirations sociales des peuples européens ne cesse de se creuser.

La police de Francfort, ville qui ressemble ce matin à une sorte de «ville-fantôme», s‘est montré surprise par l‘intensité des affrontement qui ce matin, avaient déjà causé les premiers blessés dans les rues de Francfort, autant chez les manifestants que dans les rangs de la police.

La ville de Francfort est en flammes ce matin. Pourtant, Blockupy avait mis en garde, par le biais d‘un communiqué publié sur Twitter. «La fête de la BCE : elle représente la politique de paupérisation en Europe. Il n´y a aucune raison pour célébrer cela». La ville de Francfort était donc avertie.

Mercredi matin, dans le quartier du «Ostend» de la ville, des voitures sont incendiées, des poubelles sont en feu, les sapeurs-pompiers et la police essuient des coups de pierre. Ce qui a motivé un porte-parole des sapeurs-pompiers à lacer un tweet : «Nos hommes sont attaqués. Encore une fois – merci de ne pas empêcher nos interventions».

Entre temps, des manifestants avaient tenté de prendre le nouveau bâtiment de la BCE d‘assaut, mais la police les a empêché de pénétrer dans les nouveaux locaux luxueux de la banque.

Le ton en Europe se durcit. Les symboles des marchés financiers qui dominent tout, qui peuvent décider du sort de pays comme la Grèce, qui manipulent la politique par le biais de leurs lobbys, deviennent des cibles pour ceux qui estiment n‘avoir plus rien à perdre. La situation sociale en Europe devient un baril de poudre et les autocélébrations des banques, des marchés financiers, des lobbys risquent désormais de provoquer de telles réactions.

Avec des mouvements comme «Blockupy», les peuples commencent à se rebiffer contre ces marchés financiers qui se trouvent à la base de nombreux problèmes sociaux en Europe. Et les responsables de la BCE auraient mieux fait d‘écouter ce que les «Blockupy» avaient annoncé – «Nous allons prendre en charge cette fête pour la transformer en une expression de la résistance transnationale». Toutefois, «Blockupy» s’est distancé des affrontements violents.

Si tout le monde se montre maintenant surpris par la violence déployée par les manifestants, force est de constater que des millions d‘Européens vivent la politique d‘austérité et ultralibérale en Europe comme une violence – lorsque les gens dans le Sud de l‘Europe n‘ont plus rien à manger, se font chasser de leurs habitations, n‘ont plus de perspectives, cela aussi est un acte de violence. Selon les règles de la résilience, cette violence se retourne désormais contre les symboles du pouvoir financier en Europe. Il fallait s‘y attendre.

1 Kommentar zu Inauguration de la BCE à Francfort : La violence engendre la violence

  1. Yveline MOEGLEN // 19. März 2015 um 0:34 // Antworten

    C’est bien la preuve que nous sommes dans une guerre qui ne dit pas son nom et que tous les prétextes sont bons pour faire exploser l’Europe …
    Quel dommage et quel gâchis …
    Ceux-là même qui guerroient font inévitablement monter les extrêmes …
    Triste avenir pour l’Europe ….

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