Incompris, impopulaire, mais déterminé…

Lors de son interview télévisée, Emmanuel Macron n'a pas pu convaincre. Ses stratégies de communication sont trop transparentes – et mauvaises. Le moment et le contenu de cette interview étaient catastrophiques.

Rarement, on a vu une telle contre-performance de communication du président Marcon. Foto: ScS EJ

(KL) – Apaisement ? Mais qui a dit que le président et son gouvernement cherchaient à apaiser la situation en France ? Ce que les téléspectateurs ont pu voir et entendre hier à 13 heures sur les chaînes de télévision, n’était que la suite de ce que la première ministre Elisabeth Borne avait déjà produit la veille lors des « Questions au gouvernement » à l’Assemblée Nationale. La « macronie » reste dans la provocation, célèbre sa « victoire » sur le peuple français et continue à mépriser les Français, les institutions et ainsi, la République. Mais il y a une bonne raison à ça.

Depuis le 19 janvier 2023, des millions de Français ont battu le pavé pour exprimer leur rejet de cette réforme des retraites et, au fur et à mesure, aussi celui du président qui refusait tout dialogue avec l’intersyndicale. Maintenant, le texte concernant cette réforme ayant été imposé par la force du §49.3, les protestations ne cessent pas. Tous les soirs, il y a des manifestations spontanées (« sauvages », dans la diction des chaînes financées par l’état) et aujourd’hui, la France vivra l’une des plus grandes manifestations depuis la IIe Guerre Mondiale. Le tout accompagné de grèves qui bloquent le pays dans différents secteurs. Pour pouvoir mettre un terme à ce mouvement de protestation en colère, Macron doit provoquer des réactions violentes dans les manifestations, car il s’agit là du seul moyen pour criminaliser l’ensemble de la protestation et ainsi, justifier toutes les violences visant à les faire taire. Donc, l’heure n’était pas à l’apaisement, mais au contraire, à la provocation.

Lors de cette interview, le président a surtout laissé apparaître une grande insécurité qui doit aussi régner dans les salons parisiens. L’attitude du gouvernement est aujourd’hui « nous contre ceux-là » et le clivage entre la population et ce gouvernement ne peut plus être caché. Ceux qui n’y croient toujours pas, n’ont qu’à aller voir les manifestations aujourd’hui.

Surprenant aussi que de voir Emmanuel Macron se lamenter sur le poids de son poste. « Mais pensez vous que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? », disait-il, mais la compassion des Français pour la solitude macronienne sur l’Olympe de la politique française, risque de rester faible.

Mais Emmanuel Macron, qui se voit comme un roc dans la tempête, en faisant fi du fait que c’est lui-même qui a déclenché cette tempête, va fièrement tenir le cap, contre vents et marées et aussi contre les Français. Personne ne croit réellement qu’il fallait, pendant une phase de crises mondiales depuis trois ans, s’engager dans un tel bras-de-fer avec les Français. Il y a sans doute d’autres réformes des retraites que l’on aurait pu développer et négocier sereinement. L’urgence n’y est pas et la façon de faire, ce passage en force, constitue, également pour la presse internationale, une énorme erreur.

Si l’actualité fera vite oublier cette interview télévisée ratée, maintenant, il faut espérer que la suite ne sera pas faite d’une escalade de la violence. Pour résoudre cette situation compliquée, il faudra de la bonne volonté et de l’intelligence de tous les côtés. Mais est-ce que ce gouvernement dispose des deux ? L’interview télévisée du président n’a pas pu rassurer quant à cette question…

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