Inflation : la France et l’Allemagne touchées

L’inflation continue de grimper en Europe, l’Allemagne et la France ne sont pas épargnées, avec des taux d’inflation jamais atteints depuis 1985. Pour la France, les chiffres atteignent 4,8%, tandis que l’Allemagne avoisine les 7,5%. Des écarts significatifs de la gestion des deux pays, explication.

L'Europe a déjà vécu des inflations importantes. Foto: Takkk / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Elsa Woeffler) – Par définition économique, l’inflation est un accroissement excessif des instruments de paiement, cela entraînant une hausse des prix et par conséquence, une dépréciation de la monnaie, selon le dictionnaire Le Robert. « A la base, quand l’Union Européenne a mis en œuvre la zone euro, ils ont créé un système pour éviter l’inflation, mais la crise sanitaire a fait basculer ce système », explique Didier Bonnet, journaliste économique. En effet, l’impact de la crise sanitaire se ressent même jusque dans nos systèmes économiques. « Pour un certain nombre de produits, l’offre a baissé, mais pas la demande. Le problème, c’est que certaines lignes de production étaient à l’arrêt, notamment en Chine ; la demande n’a pas baissé, mais l’offre ne suit plus. Alors les prix grimpent », ajoute le journaliste. Mais au-delà de la crise sanitaire, les difficultés de transport et d’approvisionnement en matière première n’ont pas arrangé les choses. « Nos systèmes économiques se sont internationalisés, on est confronté à une raréfaction des services de transport et aussi de matières premières, alors, on ne peut plus s’approvisionner de manière correcte et là, les prix grimpent », complète Didier Bonnet.

Nonobstant les difficultés d’approvisionnement ainsi que de logistique, c’est également le prix de l’énergie, dû à la raréfaction de ces matières premières, qui a connu une forte hausse. La hausse du prix de l’énergie a contribué à alimenter l’inflation, et la guerre en Ukraine a également participé à ces hausses. Et c’est là, toute la différence avec nos voisins outre-Rhin. En effet, l’approvisionnement en gaz vient en grande partie de la Russie pour l’Allemagne. « Cette guerre a accélérée la hausse, surtout en Allemagne, car le pays est très dépendant du gaz et des importations russes, donc avec la suspension du gazoduc Nord Stream 2, la guerre a fait bondir les tarifs en Allemagne », commence Arthur Lindon, chargé de communication du Centre Européen de la Consommation de Kehl. L’Allemagne enregistre une augmentation des tarifs énergétiques de 135% par rapport à l’année dernière. Si la kWh de gaz coûtait 5,92 centimes d’euros en avril 2021, le tarif est désormais affiché à 13,14 centimes en avril 2022. Une augmentation des tarifs de l’énergie qui alimente donc l’inflation. En France, les hausses sont moins flagrantes. « Il y a aussi de l’inflation et des augmentations dans le domaine de l’énergie, mais ce n’est pas dû à la crise ukrainienne directement », assure Arthur Lindon.

Mais alors pourquoi une telle différence ? Cela s’explique par la situation énergétique favorable française. En effet, celle-ci possède un panel énergétique bien plus important que ses voisins allemands. Par conséquent, la France est moins dépendante des marchés internationaux de l’énergie, ce qui permet de limiter des hausses exponentielles, comme le connaît l’Allemagne ou d’autres pays européens. Egalement, de nombreuses mesures ont été mises en place, dès le mois de septembre, contre juin du côté allemand. « Des aides ont seulement commencé à être considérées au mois de mars en Allemagne, ce sont d’ailleurs des mesures très ciblés, comme des aides uniques aux contribuables à hauteur de 300 euros ou des allocations chauffages versés pour un public précis, et la France a anticipé avec le bouclier tarifaire, les chèques énergies et chèques-inflation. Là, on peut peut-être expliquer la différence du taux de l’inflation », complète Arthur Lindon. Si la France n’avait pas réagi, les tarifs de l’énergie auraient augmenté de 78%.

L’inflation devrait encore augmenter d’ici la fin de l’année, selon la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde. Les prévisions ne sont pas optimistes, l’inflation n’est plus temporaire et s’est bien installée.

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