Interférences transatlantiques

Les relations entre les Etats-Unis de l'imprévisible et fantasque Donald Trump et l'Europe, surtout avec l'Allemagne, coincent de plus en plus. On se dispute comme un couple peu avant la séparation...

Du producteur de ces tuyaux géants jusqu'à l'entreprise qui les pose sur le fond de la Baltique, tout le monde risque des sanctions américaines. Foto: Gerd Fahrenhorst / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – On avait pris l’habitude de prendre note des menaces de sanctions américaines contre la Chine, des pays comme l’Iran ou encore la France. Maintenant, c’est le tour de l’Allemagne, et pour une fois, ce ne sont pas les dépenses militaires qui constituent l’objet de la dispute. Il s’agit plutôt du gazoduc « Nord Stream 2 » qui transportera à l’avenir du gaz russe directement vers l’Allemagne. Les Etats-Unis estiment que cela créera une dépendance énergétique de la Russie et s’y opposent de manière assez virulente. Si cela ressemble fort à une ingérence inadmissible, plusieurs pays de l’Europe de l’Est et de l’Europe Centrale se réjouissent de l’annonce américaine de sanctionner les entreprises participant à ce chantier géant dans la Mer Baltique.

Pour pouvoir sanctionner les entreprises allemandes, les Etats-Unis ont du changer une loi datant de 2017, le « Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act » (« Loi pour contrer les activités anti-américaines par des sanctions »), car le début des travaux du projet « Nord Stream 2 » était antérieur à cette loi qui était censée sanctionner des entreprises commerçant avec des pays comme la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord. Le ministre des affaires étrangères Mike Pompeo a annoncé adapter cette loi de façon à ce qu’il soit possible d’y intégrer également le projet « Nord Stream 2 ».

Le gouvernement allemand n’a pas attendu pour réagir. Le ministère de l’Economie a fait savoir qu’il estimait que ces sanctions extraterritoriales étaient « contraires au droit international ». Par conséquent, il refuse l’idée de ces sanctions. Pour le reste, le gouvernement « prend acte » des déclarations de Mike Pompeo. Une formule diplomatique qui veut tout dire…

Dans les pays de l’Europe de l’Est et de l’Europe Centrale, notamment en Ukraine, l’annonce de sanctions américaines a été accueillie très favorablement. Les pays de cette région s’opposent au projet « Nord Stream 2 » pour la simple raison qu’ils perçoivent des « droits de transit » importants pour le gaz russe acheminée par des gazoducs qui traversent aujourd’hui ces pays. En vue des fréquents problèmes du passé, lorsque la Russie avait fermé le robinet de gaz pour l’Ukraine, entraînant des pénuries en Allemagne en période hivernale, le projet « Nord Stream 2 » est censé assurer l’approvisionnement régulier de l’Allemagne (et d’une partie de l’Europe occidentale) en gaz russe.

Les premières sanctions ont déjà été prononcées, plus précisément contre l’exploitant des bateaux qui effectuent la pose des éléments du gazoduc sur le fond de la Baltique. Suite à une première interruption du chantier, la Russie a envoyé un bateau qui assure la poursuite des travaux.

Force est de constater que les Etats-Unis se comportent une nouvelle fois comme les « sheriffs du monde » – et là, il s’agit clairement d’une ingérence inacceptable dans les affaires allemandes et européennes. Les projets d’infrastructures en Europe ne regardent absolument pas les Etats-Unis qui eux, ne demandent d’autorisation à personne pour mener leurs propres projets. Dans la logique américaine, il faudrait que l’Europe sanctionne, par exemple, la construction d’un mur le long de la frontière mexicaine.

Les relations entre les Etats-Unis et le reste du monde se dégradent de plus en plus, et le problème dans ces relations porte un nom – Donald Trump. Cet homme constitue aujourd’hui un danger pour l’équilibre fragile de cette planète et on ne peut qu’espérer que les électeurs et électrices américaines seront assez lucides pour ne pas réélire ce président pour un deuxième mandat au mois de novembre. Si les Américains devaient accorder 4 années supplémentaires à cet homme qui visiblement souffre de multiples pathologies comportementales, il pourrait causer encore des dégâts énormes. Espérons que la raison reviendra dans l’électorat américain…

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