Investissements étrangers en France en 2018

Point si catastrophique, semble-t-il…

Un Anglais qui a fui le Brexit pour s'installer en France Foto: Thomas William Smillie/ Wikimédia Commons/CC-BY-SA 4.0Int

(Marc Chaudeur) – Business France publie son Bilan 2018 des investissements internationaux en France. Il s’agit d’une association qui a pour but de favoriser les investissements étrangers en France, et qui y joue un rôle effectivement assez important. De façon assez amusante, les quelques commentaires de ce Rapport parus dans la presse oscillent, de gauche à droite, entre le verre le plus vide et le verre le plus plein… Eh bien, selon ce document, la situation de la France et sa place internationale ne sont pas si mauvaises que l’indécrottable pessimisme français  nous le suggère si souvent. Malheureusement, l’emploi ne profite pas assez du maintien de cette place de la France dans le monde.

Espérons que le mouvement des Gilets jaunes, à partir de la fin 2018, n’a pas significativement nui aux investissements étrangers en France, et qu’il n’a pas trop dégradé l’image de ce pays aux yeux des étrangers, comme on peut le craindre fortement en consultant les indications que donnent les agences touristiques, ou même, les avertissements diffusés dans la plupart des secteurs économiques concernés par les relations internationales… La « vraie France » est ailleurs, semblent vouloir nous signifier tous ces acteurs étrangers de l’économie qui persistent à faire confiance en l’accueil des Français. Et peut-être ont-ils raison ? En tout cas, force est de constater que l’année 2018, grosso modo, a été plutôt bonne, malgré certaines difficultés liées au contexte international.

En 2018, nous apprend le Rapport, les décisions d’investissement ont crû de 2% par rapport à l’année précédente : soit 1323 contre 1298 en 2017. C’est-à-dire une moyenne de 25 décisions d’investissement par semaine. Cela représente 30 302 emplois créés et maintenus l’an dernier, contre 33 489 emplois en 2017. Soit une différence de plus de 3000 emplois… Pourquoi cette différence ? C’est que le nombre d’emplois sauvegardés lors de reprises de sites en difficulté a baissé : et cela parce que le nombre de sites en difficulté (et donc éventuellement à sauvegarder) a baissé de 25%.

Plus intéressant encore : les décisions de nouvelles implantations auraient augmenté de 14 % l’an dernier, à savoir 741 décisions contre 651 en 2017 ; elles représenteraient ainsi 56 % des investissements. La France attirerait donc davantage que dans les années précédentes. Ce qui n’est pas tout à fait invraisemblable. Pour ce qui est des extensions de projets existants, le tableau est ambivalent ; 500 extensions en 2018 qui auraient créé 15 558 emplois, contre 551 extensions et 12855 emplois l’année précédente : plus d’extensions, moins d’emplois créés. Ce point est très important, puisque 78 % des activités de production correspondent à de telles extensions.

En 2018, les entreprises étrangères ont investi dans des activités de production : cela représente 320 projets d’investissement et 11295 emplois (37% de la totalité des emplois, 25% de la totalité des investissements). Dans l’industrie, des investissements très importants ont été effectués : le Rapport mentionne Collins Aerospace, Robotiq, et Takara Foods, une entreprise japonaise qui fabrique d’abominables ramen. Les Américains sont très présents, par ailleurs, dans les secteurs de Recherche et développement, dans l’ingénierie et design ; un secteur qui ne cesse de progresser dans notre beau pays hérissé.

Bonne nouvelle : la part des pays européens dans les investissements étrangers créateurs d’emplois aurait été de 61%, contre 58% en 2017. Mais le principal investisseur en France, ce sont… les Etats-Unis (18%) tout comme en 2017, certes suivis par les entreprises allemandes (14%). L’Allemagne, c’est 180 projets pour 3618 emplois. La France reste le premier pays d’accueil des investissements allemands créateurs d’emplois (et pour ce qui concerne les entreprises présentes en France, 310 000 emplois). La Grande-Bretagne suit, avec 9%.

La Grande-Bretagne, et c’est l’une des données les plus intéressantes de ce Rapport, progresse de 33%, en 2018 : conseils, ingénierie, logiciels et prestations informatiques, services financiers. Ces entreprises fuient sans conteste les conséquences probables du Brexit, en particulier dans le secteur financier ; ces conséquences risquent en effet de s’avérer catastrophiques pour elles.

La répartition régionale des investissements étrangers indique que ce serait le « Grand Est » qui en aurait le plus bénéficié, proportionnellement aux dimensions de son bassin d’emplois. Il y aurait un mouvement réel de déconcentration, qui reste cependant modeste.

Il y a donc de quoi ne pas broyer trop de noir. Le Rapport observe que l’année 2017 était exceptionnelle, parce qu’elle aurait bénéficié de l’élan donné par l’élection d’Emmanuel Macron (disent-ils). 2018, en revanche, a pâti d’un certain ralentissement allemand, des « problèmes » commerciaux entre Chine et Etats-Unis et de l’impéritie galopante des populistes en Italie…

La France ne se trouve donc pas dans l’état catastrophique que décrivent certains, et peut-être le pouvoir n’est-il pas encore tout à fait prêt à céder à un quelconque fils spirituel (ou une quelconque fille spirituelle) de Robert Poujade.

voir https://www.businessfrance.fr/

 

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