InVolcan, au chevet de la Cumbre Vieja

InVolcan ou plus précisément l’Instituto Volcanológico de Canarias, suit l’éruption depuis bien avant son début, et assure la surveillance de l’ensemble des volcans canariens.

L’éruption de la Cumbre Vieja n’est, selon les spécialistes, pas près de se terminer. Foto: Eduardo Robaina / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Fallait-il fêter le 26 octobre dernier, le cinquantième anniversaire de l’éruption du Teneguía, l’une des 17 éruptions historiques des volcans canariens, recensées de 1430 à 2021 ? Fallait-il célébrer, 24 jours de destruction, par la lave jaillie en 1971, d’une autre bouche de la Cumbre Vieja ? Oui, selon les scientifiques de l’Instituto Volcanológico de Canarias, appelé couramment « InVolcan », car sans les volcans, l’archipel des Ïles Canaries n’existerait tout simplement pas.

Autre argument de poids, avancé par les volcanologues : les intervalles de temps au cours desquels l’activité volcanique est source de destruction, sont moindres en comparaison de ceux source de développement socio-économique des populations demeurant sur les territoires volcaniques. Si les géologues n’emploient pas la même échelle temporelle que les sociologues, ils n’ont pourtant pas tort avec cette dernière affirmation.

C’est justement pour permettre aux populations de ne pas être anéanties par les éruptions volcaniques, qu’InVolcan, voulu par le Cabildo Insular de Tenerife (gouvernement local) dès 2005, fut créé officiellement lors du 6ème congrès international « Cities on Volcanoes », réunissant à Tenerife, 856 participants issus de 52 pays en 2010. Ainsi, le 11ème étant programmé pour juin 2022 à Heraklion sur l’île de Crète, les scientifiques d’InVolcan auront de quoi alimenter les échanges.

Chargé de superviser les volcans les plus importants de l’archipel canarien, les chercheurs de cet institut public, assurent la surveillance du Teide à Tenerife, de la Cumbre Vieja à La Palma, de nombreux cratères à Lanzarote et des volcans sous-marins d’El Hierro. Par ailleurs, InVolcan a une équipe engagée dans des projets de collaboration scientifique dans plus de 20 régions du monde. Il dispose actuellement de 3 laboratoires spécialisés et 4 réseaux de surveillance collectant des données spécifiques.

Sa création n’alla pas de soi, et il fallu alors l’intervention de la communauté scientifique, pour que le projet se concrétise. Non pas faute d’argent, car le budget était acté, mais parce qu’aucune instance gouvernementale, du local au national, ne faisait le premier pas. Or, en 2004, une crise sismique et volcanique ayant secoué Tenerife, il avait été décidé l’année suivante de la création sans délais d’un institut apte à prévenir le risque volcanique, les Canaries étant la seule région d’Europe à n’en pas posséder.

En 2021, les populations vivant dans les zones touchées par les coulées de lave de la Cumbre Vieja, peuvent remercier les scientifiques d’InVolcan, car c’est en se fiant à leurs analyses et leurs préconisations, que les pouvoirs publics ont pris des décisions d’évacuation en amont de l’éruption, et adaptent le périmètre de sécurité.

Cet épisode sismique et éruptif, n’a jusqu’ici fait aucune victime humaine, alors que des populations vivent à la base et même adossées au volcan. Ce qui rend hommage tant au travaux du professeur Juan Carlos Carracedo, qu’à ceux de Katia et Maurice Krafft pour qui la science doit servir à protéger les populations du risque volcanique.

L’échelle temporelle des géologues, considère cette éruption, comme un phénomène d’une durée très limité, même si d’un point de vue humain nous en serons dans une dizaine de jours à deux mois. Ce qui représente, pour les Espagnol(e)s, dont l’espérance de vie moyenne est de 83,5 ans, à cette heure environ 0,2% de leur existence. Mais quand l’œuvre d’une vie est détruite par un cataclysme, il n’est pas possible d’appliquer cette règle de calcul.

Par contre, le réinvestissement par les populations des zones sinistrées, une fois l’épisode éruptif terminé, demeure une constante observable aussi aux Canaries. Ce fut le cas au XXe siècle à La Palma après 1949 et 1971, suite aux éruptions appelées San Juan et Teneguía. Reste donc à nommer celle de 2021, pour laquelle InVolcan suggère qu’il appartient aux habitants de l’île de lui donner un nom.

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