Iran-Etats-Unis : Et pendant ce temps…

La marche de l’Arabie saoudite vers le nucléaire

Rick Perry, secrétaire d'Etat à l'Energie (DOE) : un grand ami des dirigeants saoudiens... Foto: Gage Skidmore/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – Pendant que les esprits s’échauffent sur la soi-disant agression iranienne dans le Détroit d’Ormuz, en réalité sans doute une manière bien trumpoïde de s’acheminer vers la guerre, l’Arabie saoudite, coupable du massacre du peuple yéménite et de bien d’autres méfaits, continue à progresser à grands pas vers la maîtrise de l’énergie nucléaire.

La monarchie saoudienne entend visiblement accélérer la marche vers le développement d’un réacteur à destination scientifique (sans doute le premier d’une série). Mais à côté de cet usage scientifique, et sous l’œil bienveillant du Pentagone, Riyad souffle sur les braises de l’Accord sécuritaire avec le Pakistan : selon cet Accord, le Pakistan, puissance nucléaire déjà relativement ancienne (le nucléaire militaire y date de 1998), doit permettre à l’Arabie saoudite de construire le nucléaire militaire, en échange de finances sonnantes et trébuchantes.

Depuis un mois environ, les ingénieurs nucléaires pakistanais semblent apprécier beaucoup le tourisme dans la capitale saoudienne. Ce qu’on reproche aux méchants iraniens est donc fort bien vu au contraire quand il s’agit des bouchers de Khashoggi et des enfants du Yémen.

Depuis l’élection de Donald Trump, les Etats-uniens poussent à la roue pour accélérer le décuplement de la criminalité internationale du Royaume de Salman. Le vieux sous-secrétaire d’État à l’Energie Dan Brouillette, jadis déjà factotum nucléaire de George Bush, a contacté dès février 2017 le gouvernement saoudien, suivi par le secrétaire d’État au DOE Rick Perry – qui semble goûter beaucoup la compagnie du panier de crabes de Riyad…

Ceux qui dirigent cette marche saoudienne vers la bombinette : Mohammed Garwan et Mishari al-Dosari. Le premier sera le relais avec l’AIEA, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Le second travaillait naguère dans une entreprise qui assure un lien étroit entre les dirigeants saoudiens et les gros marchands d’armes et de mort états-uniens. C’est l’AEC, Advanced Electronics Co.

Pour ce qui est des entreprises privées qui assureront la montée en puissance criminelle des Saoudiens, l’excellent média Intelligence Online (https://www.intelligenceonline.fr/) mentionne Westinghouse, qui dispose déjà de 2 filiales en Arabie. Et aussi Honeywell, Cisco, General Electric et quelques autres. Pour ce qui est des premières centrales nucléaires, ce sera l’affaire d’Exelon et de Fluor. Les Coréens aussi seront très présents…

Et, plus étonnant : v’là les Russes ! L’entreprise Rosatom, en effet, s’approche à grands pas, épaulée par le fonds d’investissement RDIF que dirige le fameux Kyril Dimitriev. Très surprenant, puisque les mêmes s’activent sur les centrales nucléaires iraniennes ! Comment les dirigeants saoudiens s’arrangeront-ils avec cela ?

Et, last but not least, la Grande-Bretagne n’est pas en reste. Depuis 2015, depuis précisément que Riyad a entrepris sa campagne d’éradication de la population yéménite, la Royal Air Force anglaise forme des pilotes saoudiens… Et ces vols d’entraînement , qui ont lieu à Cranwell et dans la péninsule arabique, placés sous la direction et l’assistance de l’armée britannique, se sont poursuivis jusqu’au début de l’année 2019. En tout, 90 heures, pour quelques dizaines de pilotes.

Et puis, il ressort que toutes les demandes saoudiennes d’exportation d’armes (plus de 200) ont été satisfaites. Sans que cela ne pose de problème à personne, semble-t-il.

Pour le résumer en un euphémisme : les Etats-Unis trumpiens et leurs teckels britanniques n’auront pas contribué à la paix dans le monde au 21e siècle. Assurément pas.

 

 

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste