Iran ? Iran pas ?

De puissants lobbies contre l’accord pacifique avec Téhéran

A l'Elysée, certains se sont découvert une passion pour la Panthère... Foto : patricia m/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – On imagine bien que les grands pays de l’UE – autorités politiques et entreprises – ont fort à faire en ce moment pour prendre des décisions vraiment pertinentes quant à la collaboration économique avec l’Iran… Le lobbying fait rage, les visites à l’Elysée se multiplient. Certaines personnalités clés se montrent beaucoup, ces dernières semaines.

A commencer par Thomas Kaplan, un milliardaire hélveto-américain, l’une des principales ressources financières du « Forum de Paris sur la Paix », (sous-titre : « Plateforme mondiale des projets de gouvernance »), une initiative du président français. Kaplan était aux côtés d’Emmanuel Macron dans les premiers jours d’avril pour préparer ce Forum, qui doit avoir lieu du 11 au 13 novembre 2019 à la Villette.

On connaît les efforts du président français pour respecter l’accord nucléaire avec l’Iran et contrer autant que faire se peut le diktat de Washington. Mais Emmanuel Macron est bien évidemment soumis aux bombardements en piqué de toutes sortes de lobbies ; à commencer par les lobbies anti-iraniens et pro-émirats…

Parmi eux, l’UANI, (United Against Nuclear Iran), puissamment soutenu par ledit Thomas Kaplan (avec d’autres personnages richissimes comme les Républicains Sheldon et Miriam Adelson). L’UANI brasse plusieurs millions de dollars, à l’usage de la lutte anti-Iran. Usant des même méthodes que les deux secrétaires d’État cette semaine à l’égard de Federica Mogherini (v. eurojournalist.eu d’hier), l’UANI exerce une lourde pression et se fait volontiers explicitement menaçante envers les entreprises américaines qui commercent et prétendraient persister à commercer avec l’Iran (General Electric, Huntsman, Caterpillar), et aussi des fabricants de grues européens et japonais !

Le média en ligne IOL(https://www.intelligenceonline.fr/) détaille la bio et les activités de Thomas Kaplan. Depuis son enfance suisse, le milliardaire a lié relation, grâce à son père Jay, un entrepreneur new-yorkais, avec de précieux groupes familiaux : les célèbres Khashoggi, trafiquants d’armes et spécialistes de la fricassée, les Recanati (famille de l’épouse de Kaplan), la fameuse famille Krupp (celle de la Dicke Bertha),… Thomas Kaplan, d’abord entrepreneur dans les mines, est très proche de Zayed-al-Nahyan, le prince héritier d’Abou Dhabi. A partir de ses succès miniers et de sa société d’investissement, Electrum Group, Kaplan a fondé une constellation de groupes de pression au Proche et au Moyen-Orient, qui… s’intéressent de près à l’Iran. De tout près. Il a aussi créé deux fondations importantes : l’une qui s’occupe de réparer les dégâts culturels de DAESH en Irak, l’ALIPH ; l’autre, nommée PANTHERA, qui protège les félins…

Justement, les félins semblent beaucoup intéresser Aurélien Lechevallier, conseiller diplomatique à l’Elysée, qui est aussi membre du conseil d’administration de PANTHERA – et par voie de conséquence proche du prince héritier d’Abou Dhabi et de certains de ses petits camarades du Golfe.

Voilà donc qui est Thomas Kaplan, l’un des puissants justiciers conservateurs et républicains qui montrent leurs crocs à chaque fois que les Européens, et surtout les Français, essaient de respecter le JCPoA, in extenso leurs engagements envers l’Iran. Reste à espérer que l’Union Européenne profitera de cette occasion dramatique pour accélérer ses démarches vers une armée européenne intégrée, et plus généralement, pour renforcer son identité.

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