Jacques Perrin vous invite au cœur de l’Europe sauvage

Encore plus ambitieux que ne l’était son «Peuple Migrateur» ou son «Océans», le grand Jacques Perrin nous entraine cette fois, au cœur de l’Europe sauvage, à travers les âges.

"Les Saisons" est un véritable chef-d'oeuvre signé Jacques Perrin. A voir absolument. Foto: Pathé Distribution

(Par Nicolas Colle) – Eurojournalist(e) a eu le privilège de rencontrer Jacques Perrin, ce Monsieur éclectique ainsi que ses fidèles coréalisateur et coscénariste, Jacques Cluzaud et Stéphane Durand, pour évoquer cette fresque naturaliste aussi émouvante qu’envoutante qui est son nouveau film «Les Saisons».

Comme à chacun de vos documentaires sur la nature et les animaux, vous laissez très peu de place au commentaire audio. Au contraire, vous donnez surtout à voir des images et entendre des sons propres à la nature sans jamais rendre votre film ennuyeux. Pourquoi ce parti pris ?

Jacques Perrin : Notre approche consiste à être au plus près de la nature et à y immerger le spectateur afin qu’il puisse avoir sa propre perception de cet environnement. Cela passe donc par les images et les sons qui vont susciter chez lui une émotion à partir de laquelle il va pouvoir élaborer son propre commentaire, à partir de sa propre sensibilité. En somme, il peut y avoir autant de commentaires qu’il y a de spectateurs.

J’ai d’ailleurs peut être tort de parler de documentaire car il s’agit d’un film très cinématographique avec beaucoup d’enjeux ?

Jacques Cluzaud : On a vraiment abordé ce film comme un conte, avec une vraie narration. D’autant plus qu’ici nous parcourons l’histoire du point de vue des animaux, du Moyen Âge, de la Renaissance puis de la Première Guerre Mondiale jusqu’à nos jours. Et puis ces animaux sont comme de vrais acteurs, ils ressentent des choses et nous amènent à les ressentir à travers les images, ce qui donne lieu aussi bien à des scènes de comédie que d’effroi ou d’action.

Jacques Perrin : Personnellement j’aime à penser que nos films sont des poèmes cinématographiques… même si c’est un terme qui fait peur à nos financiers…

J’imagine que vous ne pouvez pas vraiment écrire de scénario préalable à une telle aventure même si on ressent une construction narrative ?

Jacques Perrin : Nous avons plus un guide scénaristique qu’un vrai scénario, donc on prépare en amont, on essaie de construire un propos avec une cohérence, mais tout en laissant la place à l’imprévu. Après tout, les animaux et la vie elle-même ont toujours plus d’imagination que nous.

Jacques Cluzaud : Du coup, au montage, on ne garde que ce qui est vraiment magique et le plus souvent il s’agit de moments imprévus. Ce qui représente un travail de longue haleine puisque nous avons tourné durant six saisons soit dix-huit mois pour recueillir près de 450 heures de rush et n’en monter qu’une heure et demie.

Je crois savoir que pour approcher les animaux d’aussi près, vous avez eu recours à l’imprégnation. Pouvez-vous m’expliquer de quoi il s’agit ?

Stéphane Durand : L’une des difficultés de ce film, c’est que contrairement aux précédents où nous racontions l’histoire des oiseaux et de l’océan du présent, nous cherchions cette fois à raconter l’histoire de l’Europe sauvage à travers les âges. La grande question était donc de savoir comment nous allions permettre aux animaux de retrouver leurs attitudes de l’époque. Et la solution, c’était l’imprégnation. Cela consiste à retrouver une proximité entre nous et les animaux qui aujourd’hui semble complètement révolue mais qui était pourtant très courante avant les grandes périodes de chasse. Nos ancêtres auraient pu filmer des animaux de près comme le lynx ou le chamois mais aujourd’hui, ces derniers fuient l’homme. Donc dès la naissance des animaux, on opère un transfert de maternité qui fait qu’ils s’épanouissent à notre contact et que toute l’équipe fait partie de leur famille.

Jacques Perrin : Donc ce sont des animaux non sauvages mais libres. Ils ne sont ni conditionnés, ni dressés et ils ont le comportement qu’ils auraient à l’état sauvage tout en acceptant notre présence.

Jacques Cluzaud : Et bien sûr, on a aussi capté des choses parfaitement sauvages avec des animaux non imprégnés comme le combat entre les cerfs où on a dû rester à couvert dans la neige et à l’abri du vent pendant des heures.

Une dernière chose, seriez-vous capable de nous décrire l’émotion ou les sentiments que vous ressentez lorsque vous vous retrouvez au milieu de cette nature sauvage ?

Jacques Perrin : Quand on a fait «Océans», un de mes fils m’a demandé ce qu’était la mer et j’ai été incapable de lui répondre, alors je l’ai emmené quelques jours avec nous sur le tournage et c’est comme ça qu’il a compris ce que c’était. Donc il n’y a pas de mots pour parler des forces de la nature et c’est justement pour ça qu’on fait des films.

Jacques Cluzaud : Mais puisque vous parlez d’émotion, ce que l’on constate quand on présente nos films à travers le monde, c’est que le public éprouve les mêmes sentiments dans tous les pays. Donc il y a quelque chose de très universel dans le rapport entre l’être humain et les animaux.

Un rapport universel qui s’inscrit ici, dans un récit plein d’aventure et de poésie. A voir absolument ! Pour visionner la bande annonce de ce film, CLIQUEZ ICI !

Saisons Affiche OK

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