Jamais contents…

Hier, le Président de la République a visité quelques-unes des institutions européennes à Strasbourg. Et comme toujours, ça râle. Mais pourquoi ?

Hier, Emmanuel Macron a mis tout le poids de la France au service de Strasbourg, l'Europtimiste. Foto: Panos Kakaviatos / Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL/AK) – La question n’est pas de savoir si on apprécie ou non le Président Macron, sa politique ou la nouvelle loi anti-terrorisme. Il s’agit de Strasbourg, encore et toujours capitale européenne, et de la visite du président de la République. « Macron abuse des institutions européennes au profit de la politique nationale », s’insurgent certains en parlant de l’annonce (attendue, puisque la nouvelle loi anti-terrorisme a déjà été signée) de la levée de l’état d’urgence en France, annonce faite et justifiée à la Cour Européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg. Mais si Emmanuel Macron avait fait l’impasse sur Strasbourg, est-ce que la ville n’aurait pas amèrement reproché au président de ne pas s’engager pour Strasbourg, l’Europtimiste ?

Emmanuel Macron a un incroyable talent pour la mise en scène et la communication politique. Avec sa visite à Strasbourg hier, le président a atteint plusieurs objectifs importants.

1.    Emmanuel Macron a rassuré l’Europe et les Français. Devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, instance suprême de l’État de droit européen, le président a expliqué que la nouvelle loi anti-terroriste constituait une adaptation nécessaire de la législation à la menace terroriste, en soulignant qu’elle serait « conforme à la Charte des Droits de l’Homme ».

2.    Emmanuel Macron a conforté Strasbourg, siège des institutions européennes. La visite du président de la République à Strasbourg a toujours un caractère symbolique et les interventions au Conseil de l’Europe et la Cour Européenne des Droits de l’Homme soulignent le statut de Strasbourg, capitale européenne. La levée de l’état d’urgence, instauré sous le choc des attentats en 2015, dans une institution européenne à Strasbourg constitue un scénario de rêve pour les responsables de la communication de l’Élysée.

3.    Emmanuel Macron s’est, une nouvelle fois, positionné comme le « Monsieur Europe ». A un moment où l’Europe titube de crise en crise, ce rôle de l’homme fort de l’Europe lui va à merveille. Macron se lance déjà dans la pré-campagne des élections européennes en 2019 – date à laquelle il espère mettre toute l’Europe en marche. Faisant « bella figura » avec les grands de l’Europe, Macron se crédibilise dans cette image du porteur d’espoir européen.

Et pourquoi râler ? On peut mettre en cause les aspects liberticides de la nouvelle loi anti-terroriste qui confère aux services de l’État des droits énorme sur les citoyens. On peut aussi arguer que la situation sécuritaire nécessite un tel changement de la loi. On peut discuter de la politique « sociale » du nouveau gouvernement, pointer les coupes dans les budgets de la santé, ou les cadeaux fiscaux aux super-riches. Mais c’est un autre débat. Hier, le président français a conforté le statut de la capitale européenne Strasbourg en mettant tout le poids de la France en œuvre pendant une visite des institutions européennes. S’il n’était pas venu, on se serait bientôt lamentés que le président boude l’Alsace et la ville de Strasbourg. Comme quoi, on n’est jamais contents…

2 Kommentare zu Jamais contents…

  1. L’Alsacien, ce “Hans im Schnokeloch” qui s’ignore.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/D%27r_Hans_im_Schnokeloch

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