Je n’ai pas pu tout lire sans m’arrêter…

Eurojournalist établit avec Giovanni Bettinelli, le bilan de son Service Civique Européen effectué à Metz.

Revenu à Bergamo, Giovanni s’adonne à la randonnée en montagne. Activité qui lui a manqué à Metz. Foto: Giovanni Bettinelli

(Jean-Marc Claus) – Né à Bergamo, au Nord de l’Italie, Giovanni Bettinelli, âgé de 19 ans, y a toujours vécu. Issu d’une fratrie de deux enfants, il a suivi un cursus scolaire le conduisant au lycée scientifique (liceo scientifico) où il passa cinq années, contrairement aux trois des équivalents français. Titulaire de sa « maturità » (baccalauréat italien), il va démarrer Sciences Politiques en septembre. Mais contrairement à la plupart des jeunes de son âge, il a voulu une année de rupture entre ses études secondaires et supérieures. Actuellement, il cherche un emploi sur une chaîne de production, prévoit de partir en Islande cet été et peut-être de faire un bout du Chemin de Compostelle…

« Il me fallait une année de pause. Je pensais d’abord chercher un travail, mais j’avais besoin d’un projet plus structuré. ». Ce projet, il le trouva via internet, par le « Corps Européen de Solidarité » le mettant en relation avec le Service Civique Européen, et le conduisant à Metz en septembre dernier. Ne parlant pas français, il l’apprit en six mois, au point de pouvoir maintenant converser couramment. Une réussite qu’il doit à l’application « Duolingo », mais surtout aux nombreux échanges durant son séjour messin.

« J’ai commencé à parler anglais avec les autres volontaires, puis j’ai découvert que j’aime apprendre d’autres langues. » : ce qui n’est pas peu dire pour celui qui parle le dialecte de Bergamo, l’anglais, le français, comprend l’espagnol à 80% (sic) et envisage maintenant d’apprendre l’allemand ! Passionné par l’histoire, la littérature, la philosophie, les arts, il dit avoir suivi une filière scientifique, tout en étant beaucoup plus intéressé par les sciences humaines.

Sciences humaines, science et humanité, voilà de quoi est fait ce jeune homme enthousiaste, que les pertes cruelles infligées par la pandémie de Covid-19 à sa ville d’origine n’ont pas rendu amer. « Plus de la moitié des gens de la zone où je vis ont eu la Covid. Personne n’est mort dans ma famille, mais nous avons eu beaucoup de mauvaises nouvelles. ». Cette façon pudique de dire l’indicible, se retrouve dans le récit qu’il fait d’expériences vécues dans le cadre de ses missions.

Assurant des visites à domicile auprès de personnes âgées isolées, il garde le souvenir d’une octogénaire partiellement handicapée qu’il dit dotée d’une force de caractère énorme. Artiste peintre à ses heures, elle lui a offert un calendrier réalisé spécialement pour lui, qu’il conserve désormais précieusement. L’ami de cette dame, octogénaire lui aussi, avait également bénéficié de ses visites. Mais malheureusement, une chute provoquant son hospitalisation, Giovanni n’a pas pu le revoir avant son départ, les visites à l’hôpital étant réduites pour cause de pandémie…

D’une intervention au Centre Socioculturel « Arc en Ciel », il garde un souvenir ému. Travaillant avec des enfants de 9 à 11 ans, sur le thème du racisme et des discriminations, il a participé à la création d’une petite pièce de théâtre relatant l’histoire de Rosa Parks. Jouant le rôle de l’homme blanc qui enjoint la militante de lui céder sa place dans le bus, il fut confronté à une enfant l’incarnant si parfaitement qu’il en était bluffé : « Alors que je m’énervais, en me référant à la loi, elle me répondait très calmement, qu’il y a des valeurs supérieures à la loi. Elle était complètement habitée par son personnage !».

Une seule chose a vraiment manqué à Giovanni durant son séjour à Metz : la montagne. Sportif depuis son enfance, pratiquant l’athlétisme au niveau compétition jusqu’à 16 ans, il est par ailleurs adepte de tous les sports alpins. Mais ce qu’il découvrit humainement dans la capitale lorraine, lui permit d’atteindre émotionnellement des sommets : «Nous étions un groupe de douze volontaires. Avant de nous séparer, durant une semaine nous pouvions mettre des petits mots dans des enveloppes destinées à chacun. J’ai ouvert la mienne dans le train, lors du voyage retour, et je n’ai pas pu tout lire sans m’arrêter pour pleurer. »…

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