Je suis Charlie : Pourquoi nous paraissons aujourd’hui

Il y a une seule raison pour laquelle nous paraissons aujourd'hui comme les autres jours. Les victimes de l'attentat contre «Charlie Hebdo» l'auraient voulu.

Il ne faudra pas céder à une folie qui tue pour imposer une mauvaise interprétation de la religion. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Il y a le choc, il y a la tristesse, il y a la colère – mais cela ne doit pas nous empêcher de paraître aujourd’hui. S’arrêter, ne serait-ce que pour un seul jour, ce serait donner raison à ces terroristes barbares qui ont attaqué à la fois la France, la Liberté de la Presse, la Démocratie, mais aussi toute l’Europe. Bien sûr, aujourd’hui, c’est un jour de deuil, un jour en noir et blanc, mais c’est aussi un jour où il faut dire «Non !». On ne peut pas céder et ainsi conforter ces tueurs malades qui n’hésitent pas de salir l’image d’une religion dont ils n’ont même pas compris les écrits.

Aujourd’hui, nous pleurons des grands de notre métier, des artistes d’une grande générosité, mais aussi des gens qui avaient le malheur de passer par là. Nous pleurons cette attaque sur la démocratie, sur la liberté d’expression, la liberté de la pensée, la liberté de la croyance. Et c’est exactement maintenant qu’il ne faut pas céder à la haine, à la généralisation, à la recherche d’un bouc émissaire. En Allemagne, nos générations précédentes ont vécu exactement cela – et nous savons tous comment cela s’est terminé.

En Allemagne, nous pleurons avec nos sœurs et frères français – l’ensemble des grandes fédérations musulmanes s’est montré choqué, déclarant que ces terroristes «avaient trahi leur religion, trainant les valeurs de l’Islam dans la boue». En même temps, les xénophobes de la «Pegida» se voient confirmés par les évènements et nous devons solidairement empêcher une crue d’un nationalisme dangereux. La combinaison entre la désignation d’une communauté religieuse comme bouc-émissaire pour tous les maux de la société d’une part et d’une attaque terroriste choquante d’autre part, fait penser à l’Allemagne du début des années 30. Les Juifs étaient rendus responsables de la dépression allemande avec ses 6 millions de chômeurs et l’incendie du Reichstag constituait un mélange qui devait s’avérer fatal. Sans oublier qu’il n’a jamais été établi si les Nazis n’avaient pas concerté eux-mêmes cet attentat pour disposer d’un prétexte pour ce qui allait suivre.

Si nous n’avons pas le cœur à publier un journal aujourd’hui, nous nous obligeons quand même à le faire. Par respect pour ceux dont nous avons les livres dans la bibliothèque, comme Wolinski ou Cabu, par refus de nous laisser dicter la démarche par des meurtriers malades, par refus d’une folie niant les acquis de l’humanité.

Aujourd’hui, jeudi, la France observera une minute de silence. Nous vous invitons de vous joindre à l’hommage rendu aux victimes de cet attentat odieux.

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