«Je suis….» – en vie.

Après chaque attentat, les panneaux «Je suis....» jaillissent partout. Sous forme d'autocollant, sur des T-Shirts, portes-clés et autres.

Comment ne pas souscrire à ce slogan ? Comment faire plus que faire des slogans ? Foto: Passion Leica from Paris, France / Yikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Nous étions «Charlie», nous étions «Paris», nous étions «Bruxelles», nous sommes peut être Lahore. Hm, moins Lahore, c’est loin. Au Pakistan, paraît-il. Donc, ce n’est pas vraiment notre problème. Et actuellement, nous n’avons pas le temps d’être Lahore, nous sommes encore «Bruxelles». Nous sommes émus, choqués. Nous voulons exprimer notre solidarité, canaliser notre colère, retrouver un sentiment de réconfort. Donc, nous sommes tous quelque chose. Bruxelles, actuellement.

Mais dans le fond, nous ne sommes ni «Charlie», ni «Paris» ou «Bruxelles» et certainement pas Lahore. Si nous l’étions, nous devrions faire autrement. Voter autrement. Nous engager autrement. Avoir le courage de nous lever et de dire haut et fort ce qui ne va pas. A défaut d’avoir ce réflexe citoyen, il est plus facile d’acheter un T-Shirt «Je suis Bruxelles». C’est un peu le même phénomène que pour les supporteurs de football, lorsqu’ils portent tous le même maillot. L’Union fait la Force.

«Charlie», nous l’étions pendant trois semaines. Nous nous avions promis de tout faire pour protéger les valeurs qui nous sont chères – la liberté, la liberté de l’expression, la liberté de la presse. Liberté chérie ! que nous avons vite sacrifiée aux circonstances après les attentats du mois de novembre. Sécurité chérie ! rien ne sera trop cher pour toi, rien que nous ne déposerons devant ton autel.

«Paris», nous ne l’étions pas beaucoup plus longtemps non plus. Nous étions choqués, émus, nous avons manifesté et nous avons applaudi l’instauration de l’état d’urgence devenu normalité. Mais quelles sont les programmes que nous avons lancé après «Paris» ? Quels sont les investissements pour combattre les inégalités sociales dans nos pays qui sont à la base de toute radicalisation ? Qu’avons-nous fait en dehors de la présence militaire et policière massive dans nos villes, en dehors des contrôles à la frontière qui nous ramènent dans les années 70 en Europe ?

Et maintenant, nous sommes «Bruxelles». Nous changeons donc l’écriture en dessous de «Je suis…» et nous mettons Bruxelles à la place de Paris. Avant de nous poser la question s’il ne faut pas remplacer «Bruxelles» par «Lahore». Après tout, une bombe sur un terrain de jeu, tu te rends compte ?

Il faut plus que le «Je suis…», il faut œuvrer pour trouver et mettre en œuvre des solutions. Bruxelles devrait autant nous interpeller qu’Idomeni, Paris devrait autant nous émouvoir que le sort de la ville de Homs martyrisée. Et nous devons commencer, sans tarder, à intensifier les efforts dans les quartiers, dans les villes, les régions. Nous avons raté l’intégration pendant des décennies, il faut la réussir maintenant. A tous les niveaux. Et chacun devrait participer à un tel effort de société. Avant qu’il ne soit trop tard. Quelque part, nous le devons à ceux qui n’ont pas notre chance de pouvoir dire : «Je suis… en vie».

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