Je t’aime… moi non plus

Aujourd'hui, Emmanuel Macron accueille le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak à Paris. William Gerlach, Country Manager France et UK chez iBanFirst, commente cette rencontre.

On s'aime, on se chamaille, mais au fond, on est tous européens... Foto: George Eastman House / Wikimedia Commons / PD

(William Gerlach) – Du côté des citoyens d’abord, il existe une réelle demande d’accroître les relations commerciales entre nos deux pays. L’étude exclusive « iBanFirst sur les Européens et le commerce international », réalisée avec l’Institut BVA*, démontre la volonté réciproque des deux pays afin de resserrer leurs liens commerciaux.

* 64% des Français souhaitent que leur pays resserre ses liens commerciaux avec le Royaume-Uni
* 81% des Britanniques souhaitent que leur pays resserre ses liens commerciaux avec la France.

Mais cette rencontre, va-t-elle permettre de renforcer la coopération commerciale ? Première rencontre officielle entre la France et la Grande Bretagne depuis 2018, elle intervient quelques jours après l’accord de Windsor conclu entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Cet accord vise à maintenir l’Irlande du Nord dans le marché unique de l’UE pour les marchandises et aborde plusieurs questions qui ont été soulevées à la suite du Brexit (questions litigieuses concernant les exportations de viandes réfrigérées, les régimes de négociants, etc.). Fondamentalement, cet accord devrait faciliter la vie des entreprises qui font du commerce entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord. Toutefois, il est peu probable que cela change réellement la donne en termes de commerce entre la France et la Grande Bretagne.

Malgré l’impact matériel du Brexit (en particulier la baisse notable des investissements non résidentiels depuis le référendum sur le Brexit en 2016 et la reprise manquée du commerce mondial en 2020-21), il n’y a aucune perspective, proche ou lointaine, de réintégrer le marché unique.

Les prochaines élections législatives en Grande Bretagne sont prévues pour janvier 2025. Aucun des principaux partis n’a l’intention de chercher à modifier en profondeur ce qui a été approximativement négocié avec Bruxelles. D’un point de vue commercial, force est de constater que le Brexit n’est certainement pas la principale source d’inquiétude pour les entreprises. Par ailleurs, des données montrent une forte relocalisation des entreprises britanniques ces derniers mois face à l’instabilité persistante dans le domaine du transport et de l’énergie. Selon « make uk », 40% des fabricants auraient relocalisé leurs fournisseurs cette dernière année.

C’est plutôt l’environnement économique général et les perspectives des prix de l’énergie qui détermineront les relations commerciales à court terme.

Des deux côtés de la Manche, la persistance de cette inflation de base est au cœur des préoccupations des entreprises. Elle s’élève actuellement à 10% en rythme annuel au Royaume-Uni. Pour lutter contre l’inflation généralisée, de nouvelles hausses des taux d’intérêt sont nécessaires. Le 7 mars, Catherine Mann de la Banque d’Angleterre, ancienne économiste en chef de la Citibank, a indiqué que le taux terminal serait au-delà de l’horizon des prévisions. Le marché monétaire prévoit qu’il se situera à 4,75%. Cela implique trois hausses consécutives de 25 points de base en mars, mai et juin. Elle a également mentionné que l’évolution de la livre sterling joue un rôle très important pour la politique monétaire en raison des niveaux élevés des importations.

Malgré les inquiétudes concernant l’état de l’économie britannique, la livre sterling a plutôt bien résisté ces derniers mois. Elle n’a perdu que 0,47 % par rapport à l’euro depuis le début de l’année.

Plus globalement, la plupart des économistes s’attendent toujours à ce que l’économie britannique traverse une période de récession en 2023 (baisse du PIB estimée à 0,6%). Une hypothèse que seule une baisse durable des prix de l’énergie pourrait infirmer.

On verra si cette visite de Rishi Sunak, à un moment de crise sociale majeure en France, pourra faciliter les futurs échanges avec la Grande Bretagne. Du moins, ce serait à espérer.

William Gerlach est Country Manager France et UK chez iBanFirst.

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