Je vous souhaite d’être follement aimée.

Le film d’Ounie Lecomte a séduit notre expert cinéma Nicolas Colle – qui a rencontré la réalisatrice et son premier rôle, Céline Sallette.

"Je vous souhaite d'être follement aimée", un magnifique film d'Ounie Lecomte. Foto: Diaphana Distribution

(Par Nicolas Colle) – Et on aime follement ce très beau film de la réalisatrice franco-coréenne Ounie Lecomte qui offre à Céline Sallette un des plus beaux rôles de sa carrière, une jeune femme kinésithérapeute, abandonnée à la naissance et qui va se retrouver à rééduquer physiquement sa mère sans savoir qu’il s’agit d’elle. Nous avons rencontré ces deux femmes aussi gracieuses que talentueuses.

Ce qui m’a bouleversé, ce sont ces scènes de soin où la fille soigne sa mère en la massant mais sans savoir qu’il s’agit d’elle. Et vice versa. Comment avez-vous abordé ces scènes pour leur apporter tant de douceur, de pudeur et d’émotion ?

Ounie Lecomte : Ces scènes devaient avoir un fort enjeu et créé également un vrai suspens tout en faisant passer l’idée de quelque chose d’indicible, d’intangible car on ignore ce que ça peut signifier pour une femme d’être abandonnée dès la naissance. Le seul lien qu’elle a eu avec sa mère c’est quand elle a été dans son ventre. Du coup, le film aborde ce mystère de ce qui a pu exister comme lien entre une mère et un bébé jusqu’à la naissance et est-ce que ce lien peut se retrouver trente ans plus tard dans ce rapport au corps et à la peau. Je pense que le film traite plus de réparation que de réconciliation. C’est l’histoire d’une rencontre entre une mère et sa fille qui ne se sont pas rencontrés à la naissance mais trente ans plus tard…

De votre côté, Céline, comment avez-vous travaillé ce sentiment de manque qui semble habité votre personnage qui n’a jamais connu sa mère ?

Céline Sallette : Je pense que la sensation de manque ou le sentiment d’être incomplet, c’est quelque chose qu’on peut tous éprouver, qu’on ait des parents ou qu’on n’en ait pas. Personnellement, c’est quelque chose que j’ai ressentie à travers une relation amoureuse. J’avais le sentiment d’être une personne complète qu’au contact d’une autre. Et comme le disait Ounie, ici il s’agit surtout de se rencontrer. Il ne s’agit pas seulement d’être mère et fille ou d’être de la même famille. La rencontre entre parents et enfants c’est quelque chose qui se construit et certaines familles ont pu rater cette rencontre. Ils peuvent être lié par le sang, la chair et se croiser tous les jours sans pour autant s’être véritablement rencontrés. Il faut admettre qu’il n’y a pas d’évidence et qu’il faut accepter, par exemple, que ses enfants sont des entités singulières à rencontrer.

Vous avez déclaré au sujet de ce film qu’il traitait également de la révolution intérieure… Que pouvez-vous me dire sur cet aspect ?

CS : Je pense que la génération de nos parents et de nos grands-parents était très loin d’un travail personnel sur soi. Aujourd’hui, on parle beaucoup de développement personnel alors qu’il y a plusieurs années, on n’apprenait pas vraiment à vivre. Alors que vivre soulève des questions très complexes. On a parfois des héritages affectifs mais dont on peut se défaire. Par exemple, mon père, que j’aime bien sûr, a toujours eu du mal à accepter l’idée de la thérapie. Ou ma grand-mère qui était une paysanne à la limite du racisme, je lui disais que j’allais épouser un noir rien que pour la charrier. On vit dans une société qui comprend, qui véhicule, qui partage de plus en plus l’idée qu’on commence par se révolutionner soi-même pour changer le monde. La révolution commence par quelque chose d’intérieur et après seulement elle peut s’ouvrir au monde. Mais selon moi, le monde et soi c’est pareil.

« Je vous souhaite d’être follement aimée » est actuellement disponible en Vidéo à la demande ainsi qu’en DVD près de chez vous.

Lien youtube de la bande annonce.

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