Jean Asselborn a parfaitement raison

Le ministre des affaires étrangères Jean Asselborn a demandé dans une interview à ce que la Hongrie soit suspendue ou exclue de l’Union Européenne. Et il a parfaitement raison.

Jean Asselborn a demandé "l'exclusion temporaire ou définitive" de" la Hongrie de l'UE. Foto: Senat Rzeczypospolitej Polskiej / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0pl

(KL) – Quelle est l’Europe que nous souhaitons, nous, les 500 millions de citoyens et citoyennes européens ? Une Europe des valeurs ou une sorte de supermarché pour banques, spéculateurs et groupes multinationaux ? Bien sûr, c’est l’Europe des valeurs à laquelle nous aspirons et c’est pour cette raison que le ministre des affaires luxembourgeois Jean Asselborn a raison de demander à ce que l’Union réfléchisse à une exclusion de la Hongrie. D’ici 2019, date des prochaines élections européennes, les Européens devront se décider – soit, on continue comme actuellement, dans une Union Européenne corrompue, loin des valeurs qui étaient à la base de sa création ou bien, nous changeons de comportement électoral en chassant ceux qui malmène notre belle Europe.

Dans une interview, Asselborn  avait dit que « ceux qui, comme la Hongrie, installent des barbelés contre des réfugiés de guerre, qui viole la liberté de la presse et l’indépendance de la justice, devrait être exclu temporairement ou de manière durable de l’Union Européenne ». Ce qui pose la question clé – c’est quoi, l’Union Européenne ? Une communauté de valeurs, comme les responsables ne cessent de répéter ou bien, une entité économique dont bénéficient ceux qui trahissent les « valeurs européennes » en permanence ? Aux Européens d’y répondre en 2019 lors des prochaines élections européennes. Et aux responsables européens d’élaborer d’ici là ce « nouveau projet européen » qu’on nous avait promis le lendemain du vote britannique sur le « Brexit ». Et qu’on attend toujours.

La Hongrie, qui mène actuellement une campagne en amont du référendum du 2 octobre où les Hongrois voteront si oui ou non, le pays devrait accueillir des réfugiés, se fiche ouvertement de l’Union en refusant d’appliquer les décisions du mois de septembre 2015 portant sur la distribution de réfugiés sur l’ensemble des états-membres. La campagne qui vise à éviter de devoir accueillir 1244 réfugiés, coûte que pour une brochure remplie de fausses informations sur les réfugiés et distribuée à 4,1 millions d’exemplaires, selon l’ONG « Human Rights Watch », 16 millions d’euros – assez pour garantir un accueil formidable à ces 1244 réfugiés qui, à titre de comparaison, ne représenteraient qu’un cinquième du nombre de réfugiés accueillis par la seule ville de Freiburg en Pays de Bade.

Qu’on le veuille ou pas – l’Europe ne pourra faire autrement que de se redéfinir, en créant une nouvelle charte des valeurs à respecter. Et il faut que l’Europe soit prête à réduire le nombre d’états-membres – car ceux qui ne voudraient pas adhérer aux valeurs humanistes d’une nouvelles Europe (et tous les regards se tournent vers les « états de Viségrad…), ne devront plus faire partie de la « famille européenne ».

Les réactions. – Jean Asselborn a mis le doigt là où ça fait mal – avec sa position, il pose clairement la question du fond du projet européen. Et bien sûr, les réactions de ses collègues traduisaient une grande irritation. Ainsi, le ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, s’est dépêché de déclarer qu’il ne souhaiterait pas « montrer la porte de sortie » à un état-membre, tandis que son homologue hongrois Peter Szijjarto a, quant à lui, préféré insulter Jean Asselborn à titre personnel, en le qualifiant de « doctoral, arrogant et frustré ». Même son de cloche chez le ministre des affaires étrangères letton Edgars Rinkevics qui reproche à Asselborn de s’exercer à une « diplomatie du mégaphone », son homologue lituanien Linas Linkevicius estime que « des déclarations aussi radicales ne sont pas très utiles ». Le premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, dit que c’est un « non-sens de creuser les fossés et de demander l’exclusion d’états-membres ». Mais qui creuse ces fossés en Europe, si ce ne sont pas les pays qui refusent de mettre en œuvre les décisions prises au niveau européen et qui dépensent des millions pour une politique ultra-nationaliste, xénophobe et clairement anti-européenne ?

Trois ans pour un nouveau projet européen. – Les trois prochaines années seront décisives pour l’avenir européen et les élections européennes de 2019 seront peut-être les élections les plus importantes dans l’histoire de l’Union Européenne. Soit, le projet européen sera enterré par des néo-nationalistes, ultra-libéraux et autres populistes, soit un nouveau projet européen émergera, porté par des valeurs humanistes, sociales et solidaires. Il reste trois ans pour que tout le monde s’engage en faveur d’une réforme européenne de fond, la définition d’un nouveau projet européen, et ce travail, il ne faut pas le laisser à ceux qui ont conduit l’Europe aux portes du dépôt de bilan politique.

Merci, Jean Asselborn, d’avoir relancé le débat – qui est le vrai débat sur l’avenir européen. Un avenir qu’il ne faut pas laisser entre les mains des Orban, Schäuble, Fico, May, Szedlo et les autres – eux, ils n’apporteront aucune solution, ils sont le problème. A nous autres Européens de nous engager – pour que le rêve européen ne s’évapore pas.

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