Jean Paul Klée ce soir au FEC, Strasbourg

La Cathédrale et le rire de Jésus

Jean-Paul KLEE portant sur son coeur une cible en forme de rosace Foto: Redaction

(MC) – Jean Paul Klée est un héros christique, nous l’avons toujours dit. Depuis 40 ans maintenant (avant cela, nous nous intéressions à d’autres choses), nous le voyons arpenter en sandales les rues de Strasbourg, clamant la vérité comme le prophète Philippulus dans L’Etoile mystérieuse («Le châtiment, le châtiment ! »), combattant le Mal métaphysico-écologique et les incendies administratifs de collégiens, aimant follement des personnes très belles et très variées, parlant à ses ombres dans tous les recoins de la capitale des Ràppetätsch (recette disponible à l’adresse d Eurojournalist).

Jean Paul Klée a composé un nombre incalculable de livres plus ou moins épais ; il écrit comme le Rhin coule et comme la Rose fleurit : sans pourquoi. Rencontrer Jean-Paul au Mischeles dans les années 1990, c’était s’entendre répondre : « Oui, j’ai écrit 32 000 pages hier soir, à cloche-pieds, en faisant le poirier et en me grattant le nez ! – Les publier ? Oui oui, on verra. »

Christique, Jean-Paul Klée ? Oui : il ne cesse de réclamer justice et pureté, ne s’embarrassant d’aucun conformisme – ni d’aucun formalisme poétique, d’ailleurs. Il se bat contre les centrales nucléaires, contre le micro-Président bling bling, contre tous ces médiocres qui encombrent le passage. Il est totalement désintéressé, même lorsqu’il converse avec Fabienne Keller à vélo rue de la Bourse-Bien-Remplie.

Mais aujourd’hui, arborant une barbe blanche, Jésus-Klée revient. Il n’a pas été crucifié, enfin, pas beaucoup, pas tellement. Il a 75 ans et il est là. Et il contemple la Cathédrale avec un immense amusement : « Eh bien, qu’est-ce que c’est que cela ? Bin y en a, des trücs, ici ! » Oui, il y en a, des veaux, des vaches, des cochonnets, des diablotins verdâtres, des triples buses étoilées, des coquecigrues, des greluches à vapeurs ; et aussi des empereurs germaniques majestueux comme le Christ-Roi qui singent la modestie, des singes souffrant d’aérophagie, et puis le Non-nommable qui contemple tout cela avec stupéfaction ! Et des millions d’autres êtres !

Et moi, qu’ai-je à faire là-dedans, scande Jésus-Klée à la barbe blanche, se tordant de rire sur le parvis tandis que le vent du Diable, qui souffle depuis 2000 ans, essaie de l’emporter loin de là.

Mais il n’y parviendra jamais. Jean-Paul Klée tient bon. Absurde, tout cela, ce Kathedrali ; dérisoire, baroque, grotesque, mais sublime, grâce au regard qui est porté sur ce bric à brac désormais désuet : cette Cathédrale, c’est la breloque métaphysique d’un passé à la fois très proche et lointainissime. Sublime comme Jésus, qui est trop modeste et pur comme l’Agneau.

Jean-Paul KLEE lira son dernier ouvrage poétique, Kathédrali, au FEC (Place Saint-Etienne) ce soir à 20h30. Le livre est publié chez Andersen. Jean-Paul Klée est un lecteur, un clameur extraordinaire, bien sûr, comme il se doit. Un peu William Burroughs, un peu Eric Heidsieck, tout cela et autrement.

Kathédrali, Andersen,
https://www.andersen-editions.com/

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