Jeux japonais et cartes portugaises

Au commencement étaient des jeux japonais qui eux, s’approprièrent les cartes portugaises...

Jeu de société, l’Uta Karuta, rassemble en version ludique et oppose en version compétition. Foto: Scan par NYPL / Wikimedia Commons / PD Scan

(Jean-Marc Claus) – Au temps des grandes découvertes, les navigateurs et les commerçants ont expérimenté l’association des cuisines portugaise et japonaise, notamment avec le kompeitō ou les tempura, mais l’interpénétration des cultures ne se limita pas à la gastronomie. Ce sont les marins portugais qui introduisirent au Japon les cartes à jouer, que les Japonais adaptèrent pour donner le « karuta », jeu au nom dérivé de cartão ou carta.

Il en existe au pays du Soleil Levant, plusieurs déclinaisons depuis le XVIème siècle. Sa forme la plus connue se joue non seulement en famille ou entre amis, mais aussi à un niveau de compétition dans lequel notamment les filles excellent. S’inspirant de la pratique du jeu de dominos chinois qui lui, a fait le voyage inverse vers l’Europe, le karuta s’étale entre les joueurs.

Pour la version basique, il est constitué de deux jeux, l’un porteur de textes et l‘autre d’images. Ces dernières sont étalées au sol, et quand, à tour de rôle, un joueur énonce le texte d’une carte tirée au hasard, les autres doivent localiser le dessin lui correspondant. Le plus rapide marque alors le point. La plupart du temps, des proverbes et dictons très populaires constituent le jeu. L’ambiance bon-enfant accompagnant chaque partie, la rend très conviviale. Ainsi, les éclats de rire ne manquent-ils pas.

Il en va tout autrement pour la version de compétition plaçant deux adversaires face à face. Ce ne sont plus des images qu’ils ont sous les yeux, mais des bribes de poèmes célèbres. La personne dirigeant l’épreuve tire alors une carte porteuse d’un texte intégral et la lit. Comme pour la version précédente, il faut le plus vite possible localiser et dégager la carte porteuse d’un extrait du poème lu. Là, par contre, la tension étant extrême, on ne rit pas.

Comme pour le « memory », la mémoire visuelle est déterminante dans la pratique du karuta, mais toutes les cartes sont visibles. Les joueurs doivent être capables de saisir à la fois la globalité et les détails du patchwork de dessins ou de bribes de textes s’étalant devant leurs yeux. Pour le karuta de compétition, les as sont ultra-rapides pour localiser les cartes, et le jeu compte maintenant des fans dans le monde entier.

A l’origine, les Japonais pratiquaient des jeux de hasard ou de stratégie, dont les supports étaient des coquillages peints. Voyant les Portugais jouer aux cartes, ils en saisirent très vite l’avantage et s’approprièrent le concept, d’où le nombre important de jeux portant karuta dans leurs noms. Celle dont nous avons parlé précédemment, est la plus connue.

Elle se nomme « Uta Karuta » ou « Ogura Hyakunin Isshu », renvoyant à une compilation de cent poèmes réalisée au XIIIème siècle par Fujiwara no Teika. Au XVIème siècle, les portraits des auteurs peints sur des coquillages, permettaient de jouer au jeu qui passa en version papier le siècle suivant. Pour suivre une épreuve de niveau compétition, rendez-vous sur le compte YouTube d’Eszter Mucsi qui la commente en hongrois.

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