Juste pour mettre les choses dans la bonne perspective…

Quelle est la différence entre la banque allemande «HSH Nordbank» et la Grèce ? Les deux ont d’énormes dettes, mais la banque n’a pas de gouvernement de gauche…

La HSH Nordbank a perdu 16 milliards d'euros sur les chantiers navals. Pas grave... l'état payera. Foto: Isderion / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – Actuellement, la Banque Centrale Européenne (BCE) n’est pas exactement un parc de loisirs. Bon nombre de ses débiteurs n’arrivent pas à honorer leurs échéances, et quasiment tous les débiteurs tentent de présenter des chiffres pour le moins, embellis. Mais pendant que la Grèce subit une sorte «d‘invasion financière», des banques agissant pas mieux que la Grèce, ont droit à un traitement beaucoup plus clément. Comme actuellement la «HSH Nordbank» allemande qui appartient majoritairement aux Länder de Hambourg et du Schleswig-Holstein.

Selon une information de l’agence Reuters, la «HSH Nordbank» est sous pression. Car de nombreux crédits qu’elle a accordé à des chantiers navals ne seront pas remboursés. Mais même si les sommes en jeu ressemblent aux sommes que la Grèce doit actuellement rembourser, personne n’a l’idée d’envoyer une «Troika» dans cette banque pour y prendre le contrôle. Pourtant, les crédits engagés et qui ne seront pas remboursés, s’élévent à 16 milliards d’euros. Ailleurs, on renverse des gouvernements démocratiquement élus pour de telles sommes.

La banque, déjà en difficultés suite au «krach» immobilier, s’était fortement engagé dans la construction navale, avant de devoir constater que de domaine était autant en difficulté que le domaine bancaire lui-même. Actuellement, la banque qui, si elle était une entreprise ordinaire, serait déjà en faillite depuis longtemps, est en phase de restructuration négociée avec les actionnaires et la Commission Européenne. En ayant laissé ces «mauvais crédits» dans le bilan, la banque ne se conforme pas aux règles bancaires, car le pourcentage de ces «mauvais crédits» s’élève pour la «HSH Nordbank» à 22,8% (NPL = Non Performing Loans) – tandis que les banques «normales» présentent un NPL situé entre 10% et 12%. Mais cela ne motive ni la BCE, ni la Commission Européenne à renverser le management de cette banque qui lui, n’est pas de «gauche». Toute la différence entre la Grèce et la «HSH Nordbank» se situe là…

Mais si la Grèce n’est visiblement pas «cruciale pour le système» européen, la «HSH Nordbank» l’est, en toute occurrence. Au lieu de laisser partir cette banque à la faillite, on y injecte des milliards, car sauver des banques semble être plus important que de sauver des peuples entiers. Alexis Tsipras doit se frotter les yeux face à cette clémence et bonne volonté que la BCE affiche vis-à-vis d’une banque qui se trouve en infraction des règles. La BCE lève l’index et invite la banque à se défaire de ces mauvais crédits. Se défaire de mauvais crédits ? C’est possible ? Pourquoi on ne le fait pas avec la Grèce, alors ?

La technique est géniale – la BCE propose de transférer ces «mauvais crédits» dans une société à créer à cet effet, sécurisée à hauteur de 94% par l’état qui, en dernier ressort, assumerait ses crédits en cas de non-paiement définitif. Il est surprenant que ce soit possible et puisque c’est possible, pourquoi est-ce qu’on ne procède pas de la même manière avec la Grèce ? Ah oui, on a failli oublier – la «HSH Nordbank» n’a pas un management de gauche.

Inutile de dire que l’information concernant la «HSH Nordbank» n’a circulé qu’en petit format dans les rubriques «économie». Lorsqu’une banque perd 16 milliards d’euros, l’état assume avec plaisir cette perte – lorsqu’un pays européen n’arrive pas à rembourser une dette, on y renverse le gouvernement. Elle est belle, cette «Europe des Banques»…

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