Justice américaine – coup dur pour l‘industrie du tabac

Un tribunal américain a condamné le géant du tabac JR Reynolds (Camel et autres marques) à verser 23 milliards de dollars à la veuve d‘un fumeur.

Dans les années 70, Dick Annegarn chantait "Tu fumes... comme une nicotine queen". Cela pourrait bientôt s'arrêter. Foto: M. Minderhout / nl.wikipedia / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(WB) – Le scénario était digne d‘un roman de John Grisham. En fait, c‘était le scénario de son roman «The Jury» qui se solde également par une lourde condamnation de «Big Tobacco». Une veuve dont le mari est décédé d‘un cancer du poumon suite à une forte consommation de cigarettes, avait porté plainte considérant que le producteur des cigarettes fumées par son mari, JR Reynolds, n‘avait pas informé son mari des conséquences du tabagisme.

23 milliards de dollars (environ 17,5 milliards d‘euros) ! Le verdict se base sur la déposition de plusieurs managers devant le Congrès américain en 1994, lorsque ces managers avaient déclaré que fumer ne pouvait ni causer le cancer, ni rendre le fumeur dépendant. Pourtant, a expliqué le tribunal, à ce moment-là, les managers savaient que le contraire est vrai. JR Reynolds avait mené ses propres études, tout en les gardant secrètes.

JR Reynolds a annoncé de faire appel contre ce verdict et la prochaine instance réduira probablement le montant. Soit. Mais même en enlevant un 0 à cette somme, elle reste impressionnante et le message à l‘industrie du tabac est clair – c‘est fini pour Big Tobacco. Si la Court Suprême américaine avait refusé une action de groupe contres les producteurs de cigarettes, elle avait autorisé les procédures individuelles et – dans 70% des cas, les tribunaux américains décident dans ces cas en faveur du plaignant. Mais les «punitive damages», les dommages et intérêts de 23 milliards de dollars indiquent que la justice américaine veut mettre un terme au tabagisme.

Si le verdict allait être confirmé, même en réduisant la somme, Big Tobacco peut s‘attendre à une vague, à un tsounami de plaintes et même les caisses bien remplies de Big Tobacco ne suffiront pas pour honorer des verdicts pareils. Dans les faits, ce verdict sonne le glas de l‘industrie du tabac.

Pendant que les adversaires de la fumée bleue exultent de joie, il reste la question si c‘est à la Justice ou au législateur de provoquer un tel changement de mœurs. Si la société décide majoritairement de vouloir se passer du tabac, ce serait au législateur d‘interdire le tabac. Là, c‘est la Justice qui s‘en charge.

Un analyste de la chaine américaine CNN prévoit déjà la suite. «Ce verdict est un signe fort en direction de toutes les industries qui placent leurs bénéfices au-dessus des intérêts des gens.» Chic. A quand, l‘interdiction des ventes d‘armes ou de l‘alcool ?

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