« Keep the light on… »

Tandis que Boris Johnson a jubilé au moment du « Brexit », la cheffe du gouvernement écossais Nicola Sturgeon a annoncé la couleur - « Scotland will be back soon, Europe. ». Nous laisserons la lumière ouverte pour l'Ecosse...

Boris Johnson et Nicola Sturgeon se livreront à un bras-de-fer sur la cohésion du Royaume Uni. Foto: 10 Downing Street / Wikimedia Commons / OGL V3

(KL) – « Pour l’instant », disait Michel Barnier, le négociateur-en-chef européen pour le « Brexit », « personne n’a pu m’expliquer le bénéfice concret du ‘Brexit’, même pas Nigel Farage ». Pourtant, le « Brexit » est devenu une réalité. Mais le 1er Janvier 2021 n’est autre que le jour où le démontage du Royaume Uni a commencé.

L’Ecosse a mal vécu le 1er Janvier 2021 – le « Brexit » que lui impose le gouvernement de Boris Johnson, a eu lieu contre la volonté exprimée des Ecossais. Lors du référendum en 2016, une majorité des Ecossais avait voté contre le « Brexit », mais cela n’avait pas suffit pour stopper la sortie britannique de l’Union Européenne. Pendant la nuit du « Brexit », la cheffe du gouvernement écossais, Nicola Sturgeon (Scottish National Party – SNP), a tweeté : « Scotland will be back soon, Europe. Keep the light on. » (L’Ecosse sera bientôt de retour, Europe. Laissez la lumière allumée). Ce tweet constitue le point de départ d’un nouvel élan séparatiste. A terme, Boris Johnson aura du mal à empêcher un nouveau référendum sur l’indépendance écossaise de la Grande Bretagne, car son seul argument, à savoir que 55% des Ecossais avaient voté pour rester au Royaume Uni en 2014, a été invalidé par le processus du « Brexit ». Aujourd’hui, les sondages donnent les indépendantistes à 58%…

Au mois de Mai, l’Ecosse élira son nouveau gouvernement et un bon résultat pour le SNP donnera des ailes aux pro-européens écossais. Si un nouveau référendum écossais nécessite l’aval du chef du gouvernement britannique, ces élections du mois de Mai pourrait augmenter la pression sur Londres – si le SNP de Nicola Sturgeon est largement confirmée à son poste. Dans ce cas, Boris Johnson aura du mal à trouver les arguments pour empêcher les Ecossais de déterminer eux-même leur avenir – un avenir qu’une majorité des Ecossais voit au sein de l’Union Européenne.

Ce que Boris Johnson a célébré comme le début d’une merveilleuse aventure permettant à la Grande Bretagne de devenir « great again », a sonné le glas de l’intégrité du Royaume Uni. Une sortie de l’Ecosse du Royaume Uni enverrait une onde de choc à travers la Grande Bretagne et le Commonwealth, elle relancerait la question irlandaise et pourrait même donner des idées aux Gallois. La Grande Bretagne pourrait se transformer en « Little Britain »…

Pour l’Union Européenne, la suite ne sera pas évidente. Si le cœur européen jubile à l’idée qu’une partie des amis britanniques souhaite revenir et rester dans la famille européenne, il faudrait quand même que l’Ecosse passe par le même processus d’adhésion que n’importe quel autre candidat à une adhésion à l’UE. L’adhésion de l’Ecosse à l’Union Européenne ne doit pas être la réponse du berger à la bergère, mais un acte administratif dans les règles de l’art. Pas question d’une quelconque « vengeance », pas question d’une joie maligne de voir les Britanniques exploser leur Royaume Uni. Il faudra définir les relations autant avec le candidat à l’adhésion qu’avec la Grande Bretagne. En vue du comportement britannique depuis 4,5 ans, cela promet.

Que les nationalistes britanniques fassent la fête – ce week-end s’y prête. Mais les difficultés liées au « Brexit » commenceront dès lundi. Et on en reparlera d’ici deux, trois ans, lorsque les Ecossais claqueront la porte au Royaume Uni.

Jeudi soir, lors d’une manifestation d’indépendantistes à Edinburgh, on pouvait lire sur une pancarte : « Le cœur brisé, mais sans amertume – pour une Ecosse indépendante au sein de la famille européenne. » Tout est dit.

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