Kosovo : Contre la pollution, Serbes et Albanais s’unissent

Sociétés civiles en mouvement, facteurs d’espoir

Une femme serbe dans l'enclave de Gorazdevac Foto: Foto_di_ Signorina/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – Cet été, qui n‘est pas encore fini, aura vu se développer un phénomène des plus réjouissants. Chaque semaine apporte du nouveau. La société civile bouge, contre les pouvoirs pseudo-démocratiques et para-mafieux. On a pu admirer les mouvements anti-barrages dans tous les Balkans. Et ces dernières semaines, en deux endroits différents, Albanais et Serbes soi disant « ennemis » se sont unis pour empêcher un dépôt de déchets toxiques. Ennemis ? Non. Dans ces pays qui prétendent à l’entrée dans l’UE, ce sont les dirigeants politiques qui entretiennent l’animosité.

Dans le centre-ouest du Kosovo, près de Pec/Pejë (65000 habitants), la compagnie Shala Swiss Oil a parqué 8 camions chargés de fûts de déchets toxiques entre un village-enclave serbe, Goraždevac (650 habitants) et un village albanais, Poçeshqe. Un hangar tout neuf les y attendait. Les barils sont acheminés sous la protection de la police, des pompiers et de la Kfor (la force internationale de paix mise en place dans le pays par l’OTAN en 1999) ; mais d’information sur leur contenu précis, rien. La population ne compte pas. Mépris des autorités politiques, qu’on connaît certes sous d’autres cieux.

L’inimitié est parfois très vive entre les 2 communautés, et l’absence de communication – qu’aggrave bien évidemment le fait que les uns ne comprennent pas la langue des autres – fait l’affaire de pouvoirs politiques dont la démagogie se nourrit des conflits d’avant-hier. Mais les citoyens kosovars ne l’entendent plus de cette oreille. Qu’y a-t-il dans ces fûts que l’on achemine si discrètement et si cauteleusement ? Pourquoi n’informe-t-on pas les citoyens ? Silence du ministère de l’Environnement, embarras de la Kfor, qui a bien reconnu la teneur toxique de ce cadeau, mais ne précise pas de quelle nature il est au juste.

Quelques personnes ont donc fondé un Comité, qui représente 6 villages en tout.Une dizaine de manifestations ont eu lieu, et une pétition signée par plusieurs centaines de personnes circule. Parallèlement, les relations entre le maire d’opposition de Pejë, la grande bourgade proche, et le village serbe de Šabac ne cessent de s’intensifier, grâce aux efforts de certains citoyens actifs : échanges de bons procédés pour la culture des fraises, notamment. Mais il est très manifeste que la vieille classe politique pourrie ne cesse d’empêcher les tentatives de « fraternisation » ou du moins, de rapprochement.

Les politiciens d’avant hier, ce sont, du côté serbe, le parti du président, Aleksander Vučić, et la Lista Srpska, émanation du gouvernement de Belgrade et du nationaliste Bureau pour le Kosovo. Du côté albanais, on sait que le dirigeant de la Shala Swiss Oil est proche de l’ AKK (Alliance pour l’Avenir du Kosovo), et qu’ un glomérule d’anciens combattants gâteux de l’UÇK, grands mangeurs de Serbes, veulent empêcher toute évolution dans le bon sens.

On ne le répétera jamais assez : une politique intelligence et pertinente de l’Union Européenne consisterait à favoriser très activement l’essor de la société civile, son essor par delà les anciens démons et les faux déterministes nationalistes, qui ne sont que le masque d’intérêts financiers et l’étiquette de politiques mafieuses.

Au;lieu de financer obstinément des régimes qui sont passés maîtres dans l’art de dissimuler corruption et brigandage politico-criminel sous un discours pro-européen fort bien rôdé, un impératif : aider très concrètement à construire une pratique démocratique de base, dans la population même.

Et cela en finançant largement les associations qui dans tous les pays des Balkans autant qu’en Europe centrale, ne cessent de se créer pour défendre la liberté, la fraternité et l’environnement.Courage ! Le moisi des institutions européennes ne doit pas s’ajouter à celle des vielles pratiques, dont nous soutenons qu’elles ne sont ni indécrottables ni indestructibles.

A lire : https://www.courrierdesbalkans.fr/

 

 

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