Kosovo : Espoirs, malgré tout

Des jeunes veulent rapprocher les communautés

Dans une rue de Pristina, la capitale du Kosovo Foto: d_proffer/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/2.0Gen

(Marc Chaudeur) – On pensait les relations entre Kosovars serbes et albanais au point mort, ou même sur une bien mauvaise pente, à nouveau. Mais non, pas si simple. Des jeunes gens et surtout, des jeunes femmes misent sur le dialogue, la rencontre, et la mise en œuvre d’activités communes. Question de génération… A la fin de la guerre, ces personnes étaient âgées d’un ou deux ans !

On commence petit, mais petit poisson deviendra grand. Jeunes Kosovars serbes et albanais  ont fondé, voici tout juste quelques années, une Organisation Non Gouvernementale dont le but est la réconciliation « nationale » sur le sol du Kosovo. Rappelons que cette l’indépendance de cette République n’a pas encore été reconnue par la Serbie, ni par bien d’autres pays, dont la Russie. Mais le sentiment des jeunes Kosovars est autre : ils se sentent vivre dans leur pays ; d’autant plus que ce pays a une histoire richissime et distincte de ses 2 voisins albanais et serbes.

La United Youth Task Force veut rapprocher les communautés, et si possible, les réunir. Elle est en partie une émanation du fameux Institut de Technologie Rochester, sis à Pristina. Elle se fonde sur la Résolution 2250 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Cette Résolution, votée le 9 décembre 2015, veut « presser les Etats membres à augmenter la part de la jeunesse dans la prise de décision à tous les niveaux ». Elle vise à insister sur les efforts nécessaires aux Etats membres pour encourager les initiatives de la jeunesse dans le maintien de la Paix et de la Sécurité.

En réalité, il ne faut pas oublier que le Kosovo est habité par de nombreuses communautés : outre Serbes et Albanais, on y rencontre principalement aussi des Turcs, des Romas et une autre peuplade qu’on caractérise comme des Gitans albanophones et musulmans, les Ashkalis. La tâche est donc difficile, et en même temps, rendue plus aisée par la présence de ces minorités qui relâchent un peu le lien toujours tendu entre Serbes et Albanais.

Un lien qu’illustre bien la différence des attitudes à l’égard de la mémoire… Le media BIRN http://balkaninsight.com/birn_source/birn/, sous la plume de Xhorxhina Bami , interroge ainsi 2 jeunes femmes âgées de 22 ans, Andjela et Diellza, appartenant chacune à l’une de ces 2 ethnies. La première, serbe, affirme la nécessité d’oublier le passé pour aller de l’avant. La seconde, albanaise, pose qu’il est au contraire important de ne pas omettre les responsabilités à l’égard de ce qui s’est passé, y compris les crimes de guerre, dans chacune des communautés… Intéressant et complexe, puisque lorsqu’il s’agit d’un passé plus lointain remontant au 15e siècle, ce sont en général les Serbes qui ne cessent d’invoquer le passé !

En tout cas, les membres de l’ONG se définissent comme les faiseurs de paix, les initiateurs d’un projet à réaliser pour les générations futures, et comme des Kosovars, résolus à tirer avantage de leur diversité à l’intérieur de leur pays.

Diversité ? Les deux jeunes femmes mentionnées s’amusent de ce que, lorsque s’organise leur principale réalisation, à savoir la Fête de la jeunesse du Kosovo, les membres de chacune des ethnies apportent des plats qu’ils croient spécifiques – et s’aperçoivent que les autres apportent les mêmes plats ! Diversité largement fantasmée, donc, et en somme superficielle, dont l’aiguillon de discorde provient essentiellement des différences religieuses. Cette fête, cette année, a rassemblé 145 personnes. Un début modeste, mais cependant remarquable, au vu des difficultés qu’on pouvait s’attendre à rencontrer. Et qu’on peut sérieusement espérer voir augmenter progressivement. Si les extrémistes des 2 bords ne versent pas dans leurs outrances habituelles…

Mais bien sûr, la UYTF est plus ambitieuse. Elle veut dissoudre préjugés et stéréotypes, apporter des changements en matière d’emploi, d’éducation et de formation, notamment  des femmes, et favoriser la prise de décision par les membres de la société civile.

Encore une ONG qu’il faudra absolument soutenir, non pas par des paroles creuses, mais par des moyens financiers substantiels ! Nous sommes en effet de plus en plus convaincus qu’au lieu d’arroser à perte de vue des gouvernements dont le procès n’est depuis longtemps plus à faire, il vaudrait mieux verser une partie importante de ces sommes parmi les organisations civiles qui sont réellement aptes à améliorer considérablement la situation, et même, à transformer grandement les sociétés, notamment dans les pays des Balkans.

 

 

 

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