La banane rouge, joker canarien ?

Variété originaire d’Amérique Latine, cultivée actuellement en petite quantité, la banane rouge pourrait bien à terme, sauver la mise aux planteurs canariens.

Bananeraie en bord de mer, à La Bombilla sur la côte Ouest de l’Île de La Palma. Foto: Hans-Peter Balfaz / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Débarquant ce printemps sur la Péninsule Ibérique, la banane rouge (plátano rojo) est le dernier fruit exotique en vogue en Espagne Continentale. Exotique, mais sans pour autant venir de contrées lointaines, car elle est cultivée en petites quantités aux Îles Canaries depuis une vingtaine d’années. Originaire de l’Équateur, elle porte en Amérique Latine divers noms tels que Colorado, Banana Roja ou Tafetán.

Seuls les continentaux vivant entre Malaga et Grenade, sur la Costa del Sol Tropical, la connaissent car elle y est cultivée à très petite échelle. En acheminant sur le continent un premier lot de 1.100 kg de ce fruit, la chaîne de magasins Alcampo a tenté, au printemps, de susciter l’intérêt de la clientèle. Une opération commerciale juteuse, car elle est vendue 4,70€ le kilo, contre 1,90€ pour la plátano de canaria, banane typiquement canarienne.

N’étant pas comme la banane canarienne d’une variété Cavendisch, actuellement menacée par la Maladie de Panama (fusariose), la banane rouge pourrait s’avérer une alternative intéressante, en cas d’envahissement des plantations insulaires par cette parasitose. Touchant dans le Monde, au cours des années 1950, les variétés Gros Michel, elle avait provoqué le passage des plantations aux variétés Cavendish alors plus résistantes, mais maintenant, ce sont elles qui se trouvent décimées.

Ainsi le développement de la culture de la banane rouge pourrait-il, dans les dix ans à venir, préserver les Îles Canaries de la destruction de leurs magnifiques bananeraies. Une banane qui n’a de rouge que la peau, sa chair se révélant juste légèrement rosée. Au goût, elle est par contre surprenante, car libérant des arômes subtils de fruits rouges et notamment de framboise.

Ainsi, l’éventuel remplacement de la banane des Canaries, très appréciée pour sa valeur gustative, par la banane rouge, ne signifierait-il pas pour les producteurs canariens une descente en gamme. Ses valeurs nutritives sont équivalentes à celles des autres variétés. Dotée de propriétés antioxydantes, elle stimule le système immunitaire, et son action sur le système nerveux a une incidence positive sur l‘humeur. D’où peut-être l’expression « avoir la banane », qui se traduit ici par « sonreír de oreja a oreja » (sourire d’une oreille à l’autre).

Autre particularité de la banane rouge, elle prévient les effets de sevrage de la nicotine, et comme toutes les autres variétés, sa richesse en potassium évite les crampes. Donc à conseiller aux personnes arrêtant de fumer et se mettant au sport. D’autant plus que combinant fructose, glucose et saccharose, elle apporte à l’organisme un panel de sucres très intéressant.

Elle peut se consommer en smoothie, en gâteau, mais aussi frite et associée à des plats salés comme la banane plantain (plátano macho). A ceci près que cette dernière est impossible à consommer crue, contrairement à la banane rouge qui elle, est totalement polyvalente. Lorsque l’occasion se présente de la déguster, il convient, pour vraiment l’apprécier, de la choisir arrivée à maturité, c’est-à-dire la peau devenue très foncée. Et bon appétit, bien sûr…

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