La bonne réponse de Sigmar Gabriel aux nazillons

L’Allemagne est choquée – le chef du SPD et vice-chancelier Sigmar Gabriel a montré un doigt d’honneur à des nazillons qui manifestaient à Salzgitter (Basse-Saxe) – et il avait parfaitement raison.

Voilà le seul langage que comprennent les nazillons. Foto: Sandra Höfer / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – En Allemagne, on a généralement l’habitude de traiter ses adversaires politique avec respect. Le système d’élection, la proportionnelle, requiert un certain respect, car les adversaires politiques d’aujourd’hui peuvent devenir les partenaires de coalition de demain. Il est donc rare de voir un homme ou une femme politique vraiment déraper dans le discours politique. Lors d’une confrontation avec un groupe de nazillons, dans le cadre de la préparation d’un meeting électoral à Salzgitter, le vice-chancelier a montré un doigt d’honneur à un groupe de manifestants qui étaient maquillés avec les couleurs du drapeau allemand et qui affichaient non seulement des pancartes nationalistes, mais également une attitude des plus détestables. Si aujourd’hui, l’Allemagne discute si un haut responsable politique a le droit de faire un tel geste, la réponse est simple – oui. Bien sûr. Quelle autre réponse donner à des nazillons ?

Lorsque les manifestants s’approchaient de Gabriel et ses collègues, ils scandaient « Wer hat uns verraten – Sozialdemokraten! » (‘Qui nous a trahis – les social-démocrates !’), un slogan qui rappelle un traumatisme de la social-démocratie allemande qui date de 1918 et qui avait été prononcé par l’un des fondateurs du parti communiste, Karl Liebknecht, assassinée avec Rosa Luxemburg lors de la « Révolution de Novembre » sur l’ordre du leader du SPD à l’époque, Gustav Noske. Un slogan que les social-démocrates n’aiment pas beaucoup entendre. Toutefois, face à cette provocation, Sigmar Gabriel avait encore gardé son calme. Le vice-chancelier proposait même aux nazillons de discuter avec eux, mais ces derniers ne cherchent généralement pas les discussions, domaine où ils n’excellent pas exactement. Au lieu de discuter, ils se sont mis à insulter Sigmar Gabriel à titre personnel. Comme on peut l’entendre dans la vidéo de l’incident, l’un des manifestants lui lance « Mensch, dein Vater hat sein Land geliebt. Und was tust du? Du zerstörst es » (‘Ton père a aimé son pays. Et toi ? Tu le détruis’) – faisant allusion au fait que Sigmar Gabriel n’a jamais caché que son père avait été un nazi convaincu, ce qui avait engendré de graves conflits dans la famille Gabriel.

Sur ce, Sigmar Gabriel montrait le doigt d’honneur à ce jeune nazillon au visage cagoulé. Oui, le vice-chancelier allemand a osé montrer un doigt d’honneur à un extrémiste xénophobe. Inutile de le critiquer, inutile de réfléchir à voix haute si un tel geste est digne du vice-chancelier – il suffit de dire tout simplement « bravo ! ».

A un moment où la société allemande est divisée entre ceux qui s’engagent pour l’accueil des réfugiés et ceux qui incendient les structures d’accueil, agressent les réfugiés et s’organisent dans des mouvements comme la « Pegida », il est courageux et important de prendre position et de dire clairement ce qu’on pense des nazillons. Ils sont incapables de mener une discussion politique, mais au moins, ils comprennent ce genre de geste.

Nous avons souvent l’occasion de critiquer Sigmar Gabriel, mais aujourd’hui, il convient d’applaudir des deux mains. Car les nazillons en Allemagne et ailleurs ne méritent qu’une chose – un doigt d’honneur. Merci, Sigmar Gabriel, de leur avoir montré !

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