La campagne présidentielle vue depuis l’étranger

Les Allemands ont fait connaissance avec Philippe Poutou et son "il n'y a pas d'immunité ouvrière"... Foto: Pierre Selim / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – « Le grand Durcheinander » (le grand chaos), titrait hier la chaîne TV nationale n-tv en parlant du débat à 11 qui avait de quoi surprendre les commentateurs politiques allemands. Pour cette chaîne, un tel débat serait « impensable » en Allemagne, quatre heures de chaos et des candidats pas très en forme – conclusion de n-tv : « Seule, une grande quantité de vin pouvait encore sauver les téléspectateurs ».

Ce débat, largement repris par les médias allemands, était l’occasion de découvrir plusieurs candidats que personne ne connaît en Allemagne, mais aussi le comportement des 5 « grands » candidats qui mardi soir, n’arrivaient pas à marquer des points ou à se présenter comme « présidentiables ».

Les « vainqueurs » de ce débat dont les commentateurs pensent qu’il n’a pas pu décider les téléspectateurs de voter pour un tel ou un tel candidat, sont les « petits » candidats, comme Philippe Poutou, totalement inconnu en Allemagne, mais qui a gagné des sympathies en déclarant qu’il n’existait pas « d’immunité ouvrière ».

Et comment est-ce que les 5 « grands » candidats ont été perçus ? Aucun des 5 n’a pu convaincre les médias allemands qui commencent à s’inquiéter. On relève surtout que la majorité des candidats ont défendu des positions anti-européennes et souhaitent que la France quitte l’Union Européenne et l’Euro, bouc-émissaire pour le bilan des 10 dernières années sous Sarkozy et Hollande. Dans les autres pays européens, on parle de cette ambiance anti-européenne qui semble régner en France.

Mais il y avait au moins le côté « entertainment », incarné involontairement par Jean Lassalle dont l’accent dense des Pyrénées frôle l’incompréhensible même pour les téléspectateurs français. Le résultat, comme le dit n-tv, est assez magique. « Le budget de défense a été décuplé sur le papier et des politiques corrompus se sont transformés en Monsieur Propre ». Dire qu’un des 11 candidats sera le nouveau président de la France, cette pensée n’a rien de rassurant.