La CDU en chute libre

A quelques jours de l'élection législative le 26 septembre prochain, les conservateurs de la CDU/CSU enregistrent le plus mauvais score dans les sondages depuis 1949.

Armin Laschet pensif... il a toutes les raisons de l'être... Foto: Christliches Medienlagazin pro / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Bien sûr, les sondages ne sont que des sondages. Mais lorsque le parti au pouvoir enregistre, à deux semaines de la prochaine échéance électorale, le plus mauvais score de tous les temps, il y a de quoi se poser des questions. Pour la première fois depuis la création de la République Fédérale, la CDU/CSU tombe en dessous des 20% d’intentions de vote et son candidat, Armin Laschet, bénéficie encore d’un taux d’approbation de 9% (!). Autrement dit, 91% des Allemands ne veulent pas de lui comme successeur d’Angela Merkel. Tout semble indiquer que l’Allemagne connaîtra un changement substantiel de son paysage politique.

Les chiffres de l’actuel sondage RTL/n-tv : SPD 25%, CDU/CSU 19%, Verts 17%, FDP 13%, AfD 11%, Die Linke 6%. Les autres partis totaliseraient 9%, mais aucun des petits partis ne dépasserait 3% et il est prévisible qu’il n’y aura pas de nouveau parti qui entrerait au Bundestag.

Mais comment s’explique cette dégringolade des conservateurs, après 16 ans du règne d’Angela Merkel ? La réponse est simple – la CDU a choisi le mauvais candidat. C’est du jamais vu en Allemagne : le candidat du parti au pouvoir est rejeté par 91% de la population ! Il est évident qu’à deux semaines de l’élection, il est trop tard pour le remplacer, mais à bien y regarder, Laschet est à la traîne dans les sondages depuis des mois. Du coup, la CDU/CSU doit se battre pour ne pas tomber derrière les Verts qui la talonnent avec 17%. Mais les Verts aussi, ne sont plus au niveau d’il y a quelques semaines. Le parti ayant le vent en poupe, c’est le SPD. Ceci dit, en vue des sondages, il est fort probable que la prochaine coalition berlinoise doit être composée de trois partis, ce qui annonce des négociations difficiles après le scrutin du 26 septembre.

La tendance se confirme de semaine en semaine – les Allemands veulent un changement politique et ce changement politique va vers la gauche. On voit mal le candidat de la CDU/CSU redresser la barre pendant les deux semaines qui viennent, refaire un retard qui s’élève déjà à 6% et du coup, l’option Olaf Scholz (SPD) devient de plus en plus réaliste. L’actuel vice-chancelier et ministre des finances représente à la fois continuité et changement, une formule qui pourrait s’avérer gagnante.

Quelles seraient alors les options pour former un gouvernement ? L’actuelle « Grande Coalition » CDU/CSU-SPD ne pourra pas être reconduite, les deux partis réunis ne disposeraient pas d’une majorité au Bundestag. Il faudra donc créer une « Très Grande Coalition » en ajoutant un troisième partenaire. Les Verts ? Possible. Les écologistes forment déjà un gouvernement régional au Bade-Wurtemberg avec la CDU et ils ont l’habitude de coopérer avec le SPD. Mais est-ce qu’ils se contenteront du rôle du « partenaire junior-junior » dans une telle coalition ? Ou bien, une coalition SPD-CDU/CSU-FDP serait possible. Mais les libéraux du FDP risquent d’être un partenaire de coalition difficile – après de la dernière élection législative, ils avaient stoppé net les négociations. Une coalition de gauche, SPD-Verts-Die Linke pourrait être également possible, mais on voit mal SPD et Verts coopérer avec l’extrême-gauche, surtout dans une majorité courte. Mathématiquement, une coalition SPD-Verts-FDP serait également possible, mais le FDP et les Verts représentent des positions diamétralement opposées et une coopération entre ces deux partis semble plus que compliquée. Seule certitude : aucun parti démocratique n’envisage de coopérer avec l’extrême-droite AfD. C’est déjà ça.

Tous les indicateurs montrent que l’Allemagne s’apprête à un changement politique. La fin de l’ère Angela Merkel semble signifier aussi la fin de l’ère de la CDU/CSU. Une leçon à retenir pour l’ensemble des partis : on ne peut plus imposer un ou une candidat(e) dont les gens ne veulent pas. L’exemple d’Armin Laschet et de la CDU est évocateur et montre à quel point les partis se sont éloignés de la population. Cette année, la CDU/CSU risque de payer très cher cette leçon…

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