La CDU se réinvente

Après la débâcle lors de l'élection législative, la CDU doit se réinventer. Après la fin de l'ère Merkel, dans le nouveau rôle de leader d'opposition, les conservateurs se démocratisent.

"Ein neuer Anfang", un nouveau départ - au QG de la CDU, on y travaille... Foto: Christoph F. Siekermann / Wikimedia Commons / GNU FDL

(KL) – Le 26 septembre dernier était un électrochoc pour les conservateurs allemands, la CDU, qui enregistrait alors le plus mauvais résultat jamais obtenu depuis la création de la République Fédérale – 24,1%. A la fin de l’ère Angela Merkel, il est urgent que les conservateurs se réinventent et – ils le font. Lors d’une conférence des présidents des fédérations du parti, il a été décidé que la nouvelle présidence du parti allait être décidée par les adhérents.

Généralement, lorsqu’un parti perd une élection, le cadors du parti annoncent une introspection, une analyse des erreurs et stratégies, une revue du personnel et quelques semaines plus tard, on est déjà revenu au « business as usual ». Il est vrai que l’auto-critique ne fait pas partie des exercices où les partis politiques brillent. « Nous avons mené une excellente politique, mais nous n’avons peut-être pas assez bien communiqué », voilà le résultat habituel de ces « analyses et introspections ». La CDU, parti conservateur qui pour la première fois depuis des décennies, doit désormais prendre place sur les bancs de l’opposition, semble vouloir se moderniser dans cette situation qui est son « heure zéro ».

Depuis longtemps, la direction de la CDU prenait les décisions concernant les investitures et positions derrière des portes fermées – un anachronisme qui a coûté cher aux conservateurs lors de l’élection du 26 septembre dernier. En instaurant son candidat Armin Laschet contre la volonté claire de la base du parti, les cadors de la CDU avaient eux-mêmes déclenché la dégringolade du parti d’Angela Merkel. Laschet, rejeté par 9 Allemands sur 10, était une erreur de casting que la CDU ne veut pas refaire. Désormais, le président du parti sera donc désigné par les 400 000 adhérents du parti. Les conservateurs se démocratisent.

En amont de cette conférence des présidents des 351 fédérations de la CDU, ces dernières avaient déjà interrogé leurs adhérents sur deux questions. « Souhaitez-vous que la future présidence du parti soit déterminée par les adhérents ? » et « Souhaitez-vous que le parti soit désormais dirigé par un duo ? ». Les adhérents pouvaient répondre par émail ou par courrier, et si une grande majorité était favorable à la désignation de la présidence par les adhérents, l’idée d’un duo à la tête du parti, comme pratiqué par le SPD et les Verts, a été rejeté.

Il est surprenant de constater comment les conservateurs gèrent leur échec – non seulement, ils se démocratisent, mais ils se modernisent aussi. Pour le secrétaire général Paul Ziemiack, cette évolution représente une petite révolution : « Aujourd’hui, nous ouvrons un nouveau chapitre, celui de la participation de nos adhérents. »

Si le format de la désignation de la future présidence est une nouvelle pour la CDU, qui seraient les candidats qui pourraient succéder au terne Armin Laschet à la tête de la CDU ? Cinq hommes sont pressentis comme potentiels candidats, à commencer par l’éternel Friedrich Merz qui n’a visiblement pas encore intégré que la CDU se trouve en pleine restructuration, Norbert Röttgen (qui fait également partie des « anciens » et probablement le ministre de la santé Jens Spahn. S’ajoutent deux outsiders, le chef du groupe CDU au Bundestag Ralph Brinkhaus et son adjoint, Carsten Linnemann. Seuls, les deux derniers représenteraient de manière crédible un nouveau départ.

Le nouveau gouvernement n’est même pas encore formé, et la CDU se réinvente à une vitesse assez surprenante. Mais elle a intérêt à se dépêcher – en 2022, trois élections régionales auront lieu, la première déjà au mois de Mars. D’ici là, les conservateurs veulent présenter un nouveau visage et faire passer le message aux électeurs qu’ils aient compris le message du 26 septembre. Tout porte à croire que cet électrochoc a potentiellement été salutaire pour les conservateurs.

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