La CDU veut rester au centre de l’échiquier politique

En élisant Armin Laschet à la tête de la CDU (et en pole position pour devenir candidat à la succession d'Angela Merkel à la chancellerie), le parti a opté pour la continuité.

Armin Laschet a pu convaincre son parti - mais est-ce qu'il en sera de même au niveau des électeurs et électrices ? Foto: © Raimond Spekking / CC-BY-SA 4.0 (via Wikimedia Commons)

(KL) – Après une longue bataille pour la présidence de la CDU, donc, pour la succession de la malheureuse Annegret Kramp-Karrenbauer qui avait jeté l’éponge, les délégués ont élu Armin Laschet lors d’un congrès en visioconférence. Ce vote doit encore être confirmé par un vote par bulletin, mais ceci ne sera très certainement qu’une formalité. La nouvelle présidente des conservateurs et la prochaine candidate à la chancellerie sera donc un homme…

Armin Laschet n’était pas le favori dans cette course à trois. Si Norbert « Clooney » Röttgen était l’outsider, le grand favori des sondages était Friedrich Merz, l’un des faucons de la CDU qui aurait changé l’orientation de la CDU vers la droite et vers un néolibéralisme décomplexé. Mais Merz, ancien patron allemand du fonds d’investissement « Blackrock », s’est fait coiffer sur le fil par le ministre-président de la Rhénanie du Nord-Westphalie Armin Laschet, celui que son parti considère être le plus à même à fédérer les différents courants du parti conservateur.

En tant que nouveau président de la CDU, Armin Laschet peut légitimement postuler à être également le candidat de la CDU/CSU à la chancellerie lors de l’élection législative en automne, même si le ministre-président bavarois Markus Söder (CSU) en rêve également. Il y a donc de fortes chances à ce que cette élection verra un bras-de-fer entre les candidats Armin Laschet (CDU) et Olaf Scholz (SPD), deux technocrates qui ont en commun, un flagrant manque de charisme. Ni l’un, ni l’autre enthousiasmera les électeurs et électrices.

« Keine Experimente », avait décrété dans les années 50, le premier chancelier d’après-guerre Konrad Adenauer (CDU) et son parti s’est souvenu de cette devise. Armin Laschet sera une sorte de copie conforme et masculine d’Angela Merkel, mais il devra faire face à de nombreux problèmes. La CDU est déchirée entre les faucons qui aimeraient que le parti conservateur récupère des votes perdus à l’extrême-droite, et des progressistes qui voudraient adapter le parti aux réalités du monde d’aujourd’hui. A cela, il convient d’ajouter les multiples crises actuelles auxquelles les futurs candidats devront apporter des réponses.

L’avenir politique en Allemagne passe donc par le « centre » politique et autant la CDU que le SPD devront se battre pour maintenir leur statut de « parti populaire ». Les Verts (donnés dans les sondages aux alentours de 20%, donc, devant le SPD), l’extrême-droite AfD et l’extrême-gauche Die Linke joueront les arbitres lors de l’élection en septembre et le manque de charisme des deux candidats CDU/SPD leur rendra la campagne plus facile.

Les sondages actuels indiquent qu’une coalition CDU / Verts aurait les plus grandes chances de s’imposer en septembre 2021. Une telle coalition ne serait pas tout à fait nouvelle, elle existe déjà dans plusieurs diètes régionales comme au Bade-Wurtemberg ou en Hesse où la combinaison « conservateurs / écologistes » fonctionne assez bien.

Mais le plus étonnant pour les Allemands, ce sera de voir un homme à la tête du parti conservateur. Après presque deux décennies de direction féminine (Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer), Armin Laschet aura fort à faire pour rendre la CDU attractive pour les jeunes électeurs et électrices.

La question du futur candidat CDU/CSU sera décidée ultérieurement et ce choix posera problème. Les sondages montrent que l’électorat conservateur en Allemagne préfère le ministre-président de la Bavière Markus Söder du parti-sœur de la CDU, la CSU. Söder, très présent dans les médias pendant la pandémie, est un professionnel des médias et dépasse Laschet de loin dans la maîtrise de l’outil médiatique. Des discussions compliquées en perspective…

En tout cas, l’ère Angela Merkel touche à sa fin, sa succession est en train de se mettre en place et malgré la pandémie, on sent que la campagne des législatives 2021 vient de commencer.

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