La chute du Mur de Berlin – c’était il y a 25 ans…

Le 9 novembre 1989, la pression sur le régime devenait trop grande – suite à une conférence de presse donnée par Günther Schabowski, le Mur de Berlin tombait dans la nuit.

Le soir du 9 novembre 1989, les Berlinois avaient encore du mal à y croire. Foto: Bundesarchiv, Bild 183-1989-1110-018, Oberst, Klaus, Wiki Commons, CC-BY-SA 3.0de

(KL) – Pour ceux qui sont nés après 1989, le 9 novembre ne constitue qu’une date historique parmi d’autres. Mais ceux qui ont vécu cette soirée-là, ne l’oublieront jamais. Lors d’une conférence de presse donnée par Günther Schabowski, membre du bureau politique du SED, parti au pouvoir en RDA, un journaliste demandait à partir de quand l’ouverture des frontières annoncée allait entrer en vigueur. Schabowski, visiblement surpris par la question, feuilletait des papiers et bégayait «Ben, ici, c’est marqué ‘immédiatement’. Donc, c’est maintenant.» Quelques instants après, de dizaines de milliers de citoyens de Berlin-Est s’amassaient devant les postes de frontières et la nuit-même, la séparation entre les deux Allemagnes faisait partie du passé.

Le 9 novembre 1989 était le point culminant de toute une évolution de gronde populaire qui se matérialisait par d’innombrables manifestations et la création de «tables rondes citoyennes» que le régime ne pouvait empêcher. Le SED, le parti des vieux hommes en costume gris, réagissait trop tard. Quelques jours avant la chute du Mur, le comité central du SED avait limogé le tout puissant Erich Honecker, mais son successeur Erich Krentz, qui se voyait déjà en sauveteur de la RDA, était trop impliqué dans la politique du SED pour être crédible auprès de la population. Qui elle, ne voulait pas changer la RDA, mais qui voulait en finir. Une fois pour toutes.

Pourtant, la soirée du 9 novembre aurait pu tourner au drame. Car les postes de frontière n’étaient en rien informés de la décision du parti d’ouvrir les frontières et les gardes-frontières ne savaient pas comment se comporter face aux masses qui réclamaient haut et fort l’ouverture des grillages. Finalement, les responsables sur place faisaient preuve d’un sang-froid extraordinaire en cédant devant la foule, au lieu de laisser tirer les soldats sur ceux qui voulaient découvrir Berlin-Ouest ce soir-là. Si un seul garde-frontière avait perdu les nerfs, si une seule balle avait été tirée sur la foule, cette soirée aurait pu se terminer en bain de sang. Parfois, l’histoire tient à peu de choses.

Cette soirée-là devait aussi changer la physionomie de l’Europe. Or, l’unification allemande n’était pas accueillie de manière trop enthousiaste par les Alliées qui craignaient l’émergence d’une Allemagne trop forte. François Mitterand, alors Président français, avait des objections, mais face à la détermination des Russes de Mikhaïl Gorbatchev et des Américains, il finissait par céder et autorisait, lui aussi, cette unification.

25 ans après la chute du Mur de Berlin, les est-allemands attendent toujours les «paysages fleurissants» que le chancelier Helmut Kohl leur avait promis au moment de l’unification. Mais cette unification devait s’avérer plus compliquée que prévue. Marier deux systèmes économiques (dont un ne fonctionnait pas du tout), deux cultures et deux systèmes de société radicalement opposés, n’était pas facile. Encore aujourd’hui, cette unification n’est pas encore consommée, le niveau des salaires et des retraites dans les deux parties de l’Allemagne n’est toujours pas harmonisé, le chômage sévit dans les «nouveaux Länder» et nombreux sont ceux qui rêvent des «bon vieux temps» en RDA où l’état s’occupait de tout.

Il faudra encore 25 ans pour que les deux parties de l’Allemagne soient devenus un seul pays. Il convient donc d’être patient, de laisser le temps au temps. Dans 25 ans, plus personne ne souhaitera le retour vers le passé et force est de constater que la «nouvelle Allemagne» est devenu un partenaire fiable en Europe. La «révolution paisible» en RDA était un succès et ce succès sera d’autant plus grand lorsque cette unification sera vraiment consommée. Dans 25 ans.

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